Enregistrer les podcasts, c’est beaucoup de travail. Pour continuer à le faire, j’ai rencontré Objectif Location qui a bien voulu m’accompagner, tout en me laissant une totale liberté de ton.
Au sommaire de ce 44ème épisode
Voici ce que vous apprendrez avec Frédéric Lefebvre dans ce podcast « 10 conseils pour la photo de paysage » .
- [1:50] La biographie de Frédéric Lefebvre
- [11:55] Le contenu de son sac photo
- [14:30] Son avis sur le moyen-format en photo de paysage
- [18:00] Conseil #1 : élaborer son projet photo
- [21:48] Conseil # 2 : se concentrer sur quelques lieux emblématiques
- [26:45] Conseil # 3 : Utiliser un filtre polarisant et un filtre dégradé neutre
- [38:12] Conseil # 4 : Utiliser un trépied
- [42:58] Conseil # 5 : Faire la chasse au « flou de bougé »
- [51:00] Conseil # 6 : Booster votre créativité
- [59:25] Conseil # 7 : Intégrer un personnage, un animal
- [1:05:01] Conseil # 8 : Intégrez un premier plan
- [1:06:28] Conseil # 9 : Gérer au mieux la profondeur de champ
- [1:13:30] Conseil # 10 : Photographiez avant le lever du soleil et après le coucher
- [1:22:35] La formation Photo de Paysage avec Studio Jiminy
Repères cités dans cet épisode
- Studio Jiminy : des MasterClass photo en ligne
- Studio Jiminy Paysages : les cours de Frédéric sur Studio Jiminy
- Calculateur de profondeur de champ
- Application Blue Hours
Vous avez aimé cet épisode pour apprendre la photo de paysage ? Partagez cette interview sur Facebook en cliquant ICI, c’est le meilleur moyen de faire connaitre les photos et le travail de Frédéric. Merci ! 🙂
L’invité
Pour ce 44 ème épisode, je reçois le photographe de paysage Frederic Lefebvre. Ses photographies ont remportées de nombreux concours photos comme celui, prestigieux, de Montier-en-Der. Il a été également été publié dans un grand nombre de revues et magazines.
S’il fallait en quelques mots définir le travail de Frederic, on pourrait le qualifier de chercheur de belle lumière. L’heure bleue étant l’objet de sa quête. Son terrain de jeu se situe principalement dans les pays nordiques. où la photographie de paysage constitue le principal moteur de ses voyages. Pour le plus grand plaisir de nos yeux !
Justement, faites du bien à vos yeux en visitant les galeries de Frédéric :
- Facebook : www.facebook.com/fr.lefebvre/
- 500px : 500px.com/fr_lefebvre
- Instagram : www.instagram.com/fred.lefebvre
- Flickr : www.flickr.com/fred-lefebvre
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Quelques photographies de Frédéric Lefebvre
Transcription texte de l’interview
Régis : Bonjour Frédéric.
Frédéric : Bonjour Régis.
Régis : Comment vas-tu ?
Frédéric : Ça va très bien.
Régis : Je suis vraiment ravi de t’avoir avec moi pour cette interview. Je t’ai découvert via les vidéos de formation Studio Jiminy. Tu es photographe de paysages. On va évidemment beaucoup en parler dans l’heure qui vient mais avant d’entrer dans le vif du sujet, j’aimerais que tu te présentes et que tu dises aux auditeurs d’Auxois Nature qui tu es exactement, s’il te plait.
Frédéric : Frédéric Lefevre, j’ai 45 ans et je fais de la photo de paysage depuis une quinzaine d’années. J’ai, en réalité, toujours fait de la photographie. J’ai toujours eu plus ou moins un appareil photo entre les mains mais j’ai choisi de faire de la photo de paysage parce que vers les années 2000 j’habitais en Irlande, j’étais en contact d’un sujet très intéressant qui était les paysages d’Irlande.
J’en ai profité pour allier ma passion de la photo et le tourisme, le fait d’être présent en Irlande. J’y ai habité pendant 5 ans.
Régis : Tu veux dire qu’il y a des paysages comme ça qui peuvent être déclencheurs d’une passion, de donner envie d’aller encore plus loin dans ce genre de choses ?
Frédéric : Ça permet de focaliser sa passion sur un sujet. Il est difficile de percer si on photographie tout et peut-être n’importe quoi. Ça m’a permis de concentrer finalement mon énergie sur un type de sujet que j’ai appris à connaitre au fur et à mesure.
C’est toujours pareil, quand on habite dans un endroit, on est la dernière personne à le visiter. Il y a beaucoup de Parisiens qui ne sont jamais montés sur la Tour Eiffel parce qu’ils savent qu’elle est là et qu’un jour ou l’autre ils auront toujours l’occasion de monter dessus.
C’est un peu ce qui m’arrivait en Irlande parce que je travaillais toute la semaine et le week-end on sortait ou on se reposait. Je me suis dit « c’est dommage » et grâce à mon appareil photo, je suis parti à l’aventure de ce pays que j’ai appris à connaitre.
Régis : Il y a déjà un premier conseil qu’il ne faudrait pas que les auditeurs ne le retiennent pas : c’est de se focaliser sur un sujet en particulier, tu as prononcé le mot de percer, parce que c’était peut-être ton objectif à l’époque mais peut-être que ceux qui nous écoutent ne sont pas forcément dans ce genre d’optique-là.
Mais en tout cas de se focaliser sur un sujet en particulier que ce soit l’animalier, le paysage ou autre chose, c’est très important parce que ça permet déjà de bien le connaitre et d’aller à fond dedans et aussi de devenir expert de ce sujet-là, ça c’est important de le souligner.
Frédéric : Si on ne le fait pas, on risque de se disperser.
L’origine de sa passion
Régis : C’est ça, exactement. Tu as tout à fait raison. Comment tu es venu à la photographie ? Tu parlais d’une passion et le fait d’être en Irlande, ça t’a permis d’aller à fond là-dedans. Mais comment toi d’abord tu t’es intéressé à ce domaine artistique ?
Frédéric : Quand j’étais gamin, beaucoup de gens sont passés par le même parcours, je voyais les adultes, mon père, mes oncles, faire des photos et c’était un objet qui était visiblement réservé aux adultes. Ça m’a donné envie de leur emprunter.
J’ai un oncle qui m’a fait confiance, qui m’a prêté son appareil photo. Il m’a dit « vas-y, amuse-toi, prends des photos ». On était à l’époque en argentique. Il m’a dit « prends-en autant que tu veux », ça m’a vraiment plu. Je me souviens d’une des toutes premières photos que j’ai prises, c’était pendant un mariage, j’avais pris la photo d’un oncle.
Je me souviens très précisément du cadrage que j’avais réalisé, déjà j’étais en plongée puisque j’étais petit.
Régis : Le point de vue des enfants, effectivement.
Frédéric : Je regardais vers le haut, je sais que je l’ai mis vers la droite, je ne sais pas si c’était un instinct ou quoi que ce soit, mais j’ai volontairement décentré le sujet. A y réfléchir plus tard, la composition est d’une part très importante, mais sur laquelle j’insiste beaucoup dans ma pratique de la photo de paysage, c’est quelque chose d’extrêmement important, ça permet de mieux communiquer ou de mieux présenter un sujet auprès de ses spectateurs.
Régis : Voilà un message à passer aux parents ou aux adultes qui voudraient bien que leurs enfants ou que leurs proches enfants s’intéressent à la photo, c’est de laisser à portée du matériel. Je vais raconter un tout petit peu ma vie perso en quelques minutes, en quelques secondes, mais j’ai 2 petites filles.
Pour la plus grande, il y a toujours un vieux numérique que j’avais quand j’ai commencé, je le laisse à disposition, il y a des piles, il y a une carte mémoire dessus, elle peut l’utiliser tant qu’elle veut.
Donc ça me fait un peu penser à ce qu’a fait ton oncle avec toi, c’est-à-dire qu’il faut laisser à portée un appareil qui ne craint pas trop pour pouvoir permettre à des enfants de s’amuser avec. Je pense que c’est l’essentiel.
Frédéric : J’ai fait ça avec ma petite nièce. Je lui ai acheté un petit appareil photo, c’est des Polaroids, Fuji a sorti des petits Polaroids qui sont assez rigolos.
En termes de numérique, elle a tout ce qu’il faut, ils ont une tablette à la maison, etc., mais la contrainte de passer par l’argentique, par ce medium matériel qui est le Polaroid est à mon avis une bonne école parce que ça permet de se concentrer sur ce qu’on fait et d’éviter de déclencher à tout-va sans réfléchir.
Régis : Est-ce que c’est ton métier, Frédéric, la photographie ?
Frédéric : Ce n’est pas mon métier dans le sens où je n’en tire pas de revenus suffisants pour en vivre. Cela dit, je le pratique je pense de manière professionnelle. Par exemple quand je pars en vacances, notamment quand je pars seul, ce qui est la plupart du temps le cas, je consacre la totalité de mon temps à la prise de vue de photo de paysage.
Régis : D’accord. Par curiosité, quel est ton métier ?
Frédéric : Je suis consultant, j’aide les entreprises à améliorer leur efficacité et leurs processus.
Régis : D’accord. J’aime bien poser cette question aux photographes que j’interviewe. Est-ce que tu penses qu’il y a un lien entre ton métier et ton activité photographique ou au contraire il n’y a pas de lien du tout et c’est justement l’inverse, tu considères la photo comme une échappatoire, un truc vraiment à part ?
Frédéric : C’est clair que c’est à part parce qu’il est dit, je n’en ai pas fait personnellement l’expérience, que quand la photo devient son métier, ce n’est plus un hobby et on peut y perdre un peu de plaisir. La pratique professionnelle associe le photographe à un ensemble de contraintes et l’oblige parfois à photographier des sujets qu’il n’aurait pas photographiés à titre personnel.
Ceci dit, il y a effectivement des ponts parce que j’aide les entreprises à améliorer leurs performances en améliorant leurs processus. Quand j’ai écrit un livre chez Pearson, quand je l’ai reformulé pour le site de Studio Jiminy, j’ai eu cette approche de processus, c’est-à-dire que je n’étais pas dans l’incantation en disant « faites des photos de paysages, faites comme ci », j’étais plutôt en train d’expliquer comment, pas à pas, faire des belles photos.
J’ai construit finalement un mode opératoire, étape par étape, pour faire de belles photos.
Régis : Ça m’intéresse beaucoup ce que tu dis parce que je me retrouve complètement dans ta démarche parce qu’en tant qu’enseignant, en tout cas ancien instituteur, je pense que c’est un des points forts de mon approche sur la photographie animalière, c’est ce que tu viens de dire, créer un processus très cadré, très pédagogique qui permet d’avancer tranquillement dans la photographie animalière.
C’est vrai que le pont peut être fait de cette manière-là, effectivement. J’ai lu quand même un petit peu ta biographie sur ton site en anglais. Il a fallu que je me remémore un petit peu de mes vieux cours d’anglais mais ça a plutôt bien fonctionné. Tu dis, en tout cas c’est ce que j’ai pu lire, je ne sais pas si c’est toujours d’actualité pour toi, que la photo est devenue le but de tes voyages.
J’ai une question qui est peut-être un peu provocatrice : est-ce que tu es quand même capable d’apprécier un paysage sans avoir besoin de le photographier ?
Frédéric : Oui parce que je n’ai pas toujours un appareil photo sous la main. Quand je traverse un beau paysage, je sais l’apprécier, tout à fait.
Mais je pense qu’on ne connait réellement bien un paysage que quand on l’a photographié. Je pense que la pratique de la photo m’a permis d’être très souvent au contact du paysage, au contact de la nature. À force j’ai développé une connaissance de mon sujet qui fait que je l’aime de plus en plus.
Régis : Tu veux dire que tu as aguerri ton œil sur comment apprécier le paysage, comment l’observer surtout et c’est ce qui fait que maintenant tu as une vision qui est vraiment centrée sur l’appréciation du paysage ?
Frédéric : Oui, je sais lire un paysage, je pense que je sais évaluer très rapidement le potentiel, je sais comment me déplacer, on va y venir dans la suite de l’interview, je sais quand me déplacer, je sais lire la météo, c’est extrêmement important.
J’ai vraiment développé une passion pour le sujet qui fait que j’arrive à me lever, moi qui ne suis pas un lève-tôt, qui ne suis pas du matin, à 4h du matin pour prendre une photo de paysage parce que je sais qu’il y a une bonne chance d’assister à un spectacle de la nature qui est notamment le lever du soleil ou même avant, on y viendra, d’autres lumières qui sont extraordinaires.
Régis : Ça peut être un super bon indicateur du degré de sa passion pour la photo si on est capable de se lever très tôt ou de revenir très tard, en général la passion elle est bel et bien là. On en a parlé en off, en préparant l’interview.
Tu m’avais dit que tu n’accordais pas forcément une très grande importance au matériel, même si évidemment il est nécessaire. Je te rejoins sur ce point, il faut déjà connaitre son sujet avant de s’intéresser au matériel. Malgré tout, j’aimerais quand même que tu nous dises ce qu’il y a dans ton sac photo, s’il te plait Frédéric ?
Le contenu de son sac photo
Frédéric : Dans mon sac photo, il y a tout ce qu’il faut pour faire des belles photographies de paysages. Concrètement, je photographie en numérique depuis un moment.
J’ai démarré en argentique avec la diapositive, donc la pellicule Velvia qui est très connue des paysagistes parce qu’elle a une définition, un piqué dirait-on maintenant, et une saturation qui convenaient très bien aux paysages. En numérique j’ai concrètement un EOS 5D Mark III et toute une série d’objectifs qui me permettent d’avoir des focales entre 16 et 400mm.
Donc j’ai un 16-35, la version 2 puisque la version 1 n’était pas terrible, en ouverture 2.8 et un 24-105, j’ai un 100-400 et pour des sujets particuliers plutôt portrait ou de photos que je peux faire en ville j’ai un 70-200, le tout dans les versions professionnelles de Canon.
Régis : Effectivement le 70-200 est un super objectif pour le portrait. C’est quelque chose que j’aime beaucoup.
Frédéric : Il est très agréable à utiliser en plus. Ça c’est le matériel indispensable, boitier, objectifs. Mais ce qui est tout aussi indispensable, ce sont les accessoires. Je pense qu’en paysage c’est un domaine où les accessoires sont extrêmement importants. Je pense notamment au trépied. Le trépied permet de prendre des photos qu’on ne pourrait pas faire sans.
Régis : C’est un vrai tremplin vers la créativité, le trépied ?
Frédéric : Absolument. Ça permet d’explorer des vitesses d’exposition qui sont impossibles à main levée. Quand on veut faire des expositions de plusieurs secondes voire plusieurs minutes, on n’a d’autres choix que d’utiliser un trépied.
Donc c’est l’accessoire essentiel. Il y en a 2 autres à mon sens, voire 3. Ce sont les filtres, il y a le filtre polarisant et le filtre dégradé. Ça c’est un conseil qu’on va passer dans la suite de l’interview mais un filtre dégradé et un filtre polarisant, je vais expliquer pourquoi tout à l’heure. Et un déclencheur à distance également pour limiter les risques de bouger.
Régis : Effectivement. Une question d’actualité que j’ai vue il n’y a pas très longtemps, j’aimerais bien avoir ton avis là-dessus. Les photographes de paysages, ça peut arriver parfois que certains soient équipés avec des moyens formats pour avoir vraiment une qualité d’images absolument énormes et formidables.
Il y a Fuji qui vient de sortir, en tout cas ça va bientôt être en vente, un moyen format qui sera à moins de 10.000 euros, ce qui reste une énorme somme mais pour un moyen format c’est vraiment très accessible. Qu’est-ce que tu penses de ce type de capteurs moyen format, donc plus grand qu’un 24×36, et qui permet d’accéder à des qualités de tirage véritablement époustouflantes ?
Frédéric : On va dire que c’est le nec plus ultra. Maintenant je pense qu’on n’est pas obligé, on n’est rien obligé de faire d’ailleurs, mais ce n’est probablement pas par ça que je commencerais si j’avais à débuter. On peut faire des photos extraordinaires avec les capteurs d’aujourd’hui qui ont une définition qui s’approche des moyens formats d’autrefois.
Aujourd’hui avec des 30 megapixels, j’ai reçu un catalogue de photos il n’y a pas longtemps et j’ai regardé l’évolution du matériel, on est à 30 megapixels maintenant en plein format sur les 5D Mark IV ou l’équivalent, ça c’est supérieur aux moyens formats d’autrefois. C’est sûr qu’il y a une surenchère dans la définition.
Il y a des gens qui comptent les pixels, ils sont contents parce qu’ils ont plus de pixels que les voisins. Ce n’est pas une course dans laquelle j’ai envie de m’engager. D’autant que qui dit moyen format dit qualité d’image extraordinaire mais dit objectif extraordinaire, parce qu’il faut des objectifs qui puissent révéler et exploiter les qualités du moyen format, il faut un matériel et une technique photographique qui soient vraiment au top.
Parce que si on ne sait pas limiter les risques de bouger, ce n’est pas la peine de se lancer dans du moyen format.
Régis : Je ne pouvais pas rêver mieux comme réponse. Effectivement je te rejoins sur tous les points. Je n’ai pas grand-chose à rajouter d’ailleurs.
Mais c’est un peu le problème du numérique qui rejoint l’état d’esprit de l’informatique et de l’high-tech en général, c’est-à-dire qu’il faut absolument que les marques puissent se différencier les unes des autres, c’est toujours la course à la surenchère comme tu l’as dit, et ça peut être piégeux pour le consommateur qui peut des fois ne pas savoir raison garder dans ce matériel.
Frédéric : Comme tu disais en intro de cette question, j’aime bien mon matériel parce que ça m’aide à faire des photos mais je ne mise pas tout sur le matériel. Aujourd’hui c’est encore le photographe qui prend la photo.
Régis : Effectivement. D’ailleurs on a souvent coutume de dire que le problème ou la qualité de la photo se situe à quelques centimètres derrière le viseur, évidemment on parle du photographe.
C’est là que ça se situe. Frédéric, c’est parti, on aborde vraiment le cœur de l’interview : 10 conseils pour réussir ses photographies de paysages. Ces 10 conseils-là sont évidemment issus d’abord de ton livre que tu avais écrit en 2010 mais ces 10 conseils-là sont maintenant dans la formation que tu as faite avec Studio Jiminy.
On commence avec le premier point, le premier conseil qui va concerner l’élaboration du projet photo avant de partir en voyage. Est-ce que tu peux développer ce point-là, s’il te plait ?
Point #1 : Elaborez votre projet photo de paysage avant de partir en voyage
Frédéric : La photo de paysage, comme d’autres domaines, n’est pas le fruit du hasard. Je pense qu’on obtient un résultat après l’avoir imaginé, préparé. Je pense qu’on réussit souvent la photo, on peut réussir des photos qu’on n’avait pas prévu de faire, d’autant qu’on ne maitrise pas tout, mais plus on prépare en amont plus on a des chances de réussir ses photos.
Ça permet déjà de préparer d’un point de vue logistique, c’est-à-dire de savoir où aller, quels sont les points de vue. La préparation consiste tout bêtement à repérer les lieux, à rechercher les lieux photogéniques dans un pays ou une région dans lequel on veut aller et de sélectionner ce qui correspond à sa personnalité, à son projet, à ce qu’on a envie de faire.
Il ne s’agit pas de photographier tous les châteaux d’Ecosse, à moins que ce soit son projet, mais il y a peut-être des châteaux qui ressemblent un peu plus à l’ambiance qu’on veut apporter à ses images, qui correspondent un peu plus à sa personnalité. Ce sont ces lieux qu’il faut sélectionner et rassembler même dans un document, que j’appelle un story board, qui constitue in fine votre projet photo.
Il n’y a aucune obligation de faire le tour de l’Ecosse, de faire le tour de quoi que ce soit. D’ailleurs le tour de l’Ecosse je ne le recommande pas forcément, même si intellectuellement c’est bien d’avoir fait le tour d’un pays, mais c’est surtout dans les Highlands et sur la côte Ouest que c’est intéressant d’aller. Je suppose qu’il y a beaucoup de Tours Operators qui vous proposent de faire le tour de l’Ecosse, le tour de ceci, de cela.
Mais en réalité ça ne va pas forcément vous aider à construire votre projet. Pour avoir un résultat, il faut avoir une intention. La préparation permet d’affiner son projet et paradoxalement d’être plus efficace sur le terrain quand il s’agit d’improviser.
C’est-à-dire qu’on peut improviser, il faut improviser, on ne sait pas sur quoi on va tomber, donc il faut être en capacité de réagir et d’improviser, c’est-à-dire de faire des photos qu’on n’avait pas prévu de faire, de faire des cadrages qu’on n’avait pas repérés, de trouver des points de vue d’un lieu emblématique qu’on n’avait pas imaginés, mais on improvise d’autant mieux qu’on connait bien sa partition. La partition c’est le story board.
Régis : Tous les très bons musiciens diront évidemment la même chose. Un bon improvisateur est d’abord quelqu’un qui maitrise sa partition. Mais j’imagine que pour préparer un projet de voyage photo comme tu le dis, c’est nécessaire. Les outils qu’on a maintenant à disposition, je pense d’abord à Internet, ça facilite vraiment ce genre de travail ?
Frédéric : Oui, c’est essentiel. Autrefois, on avait accès aux revues, comme Géo, des choses qui vous donnent envie de voyager. Mais c’était quand même une source assez limitée.
Maintenant effectivement Internet vous permet d’avoir accès à absolument toute la documentation, les photos, même comment se loger, ce qui est plutôt pas mal. Vous avez Google Earth, Google Map, donc il y a absolument tout.
Ce qui pose un autre problème, c’est-à-dire que vu qu’on a accès à tout et qu’on ne peut pas tout photographier par définition, qu’est-ce qu’on fait ? Ce qu’on fait, c’est qu’on sélectionne parmi tout ce qu’on voit les lieux qui nous intéressent, les ambiances qui correspondent à son projet et ensuite on planifie son voyage en fonction de ce qu’on a envie de faire.
Si on est attiré par un ciel un peu perturbé avec des jeux de lumière dans les nuages, des gros nuages noirs, il vaut mieux ne pas partir en été par exemple, on a assez peu de chances d’en rencontrer.
Ce qui suppose de voyager à des périodes qui ne sont pas forcément celles qu’on imagine pour faire du tourisme, c’est-à-dire en hiver, en automne ou au printemps. Ce qui a un autre avantage, c’est qu’on est moins nombreux sur le terrain, il y a moins de touristes, c’est un des points que j’apprécie.
Régis : C’est vrai que là on n’en a pas parlé mais là on est dans la photo de paysage de projet photo, c’est-à-dire que c’est un photographe qui va vraiment s’investir dans un projet photographique.
On n’est pas dans le tourisme, en famille, avec les enfants, son épouse ou son époux, où il faut jongler entre les impératifs des uns et des autres. Là on est vraiment dans un projet presque personnel et on met toute son énergie dedans.
Frédéric : C’est comme ça que je pratique. Maintenant les 9 conseils qui suivent sont applicables plus ou moins par quelqu’un qui ferait du tourisme et qui serait accompagné. Qui peut le plus peut le moins.
Si on a moins de temps à consacrer parce qu’il faut répartir son temps entre sa famille et son conjoint, on peut quand même négocier des plages de prises de vue. Je fais le pari que si vous choisissez de faire des photos à 4h ou 5h du matin, personne ne vous en voudra, je pense que ça ne gênera personne.
Régis : Evidemment. A condition de ne pas réveiller toute la maison en partant. D’ailleurs préparer le matériel la veille au soir, c’est un des meilleurs conseils qu’on peut donner parce que quand on le fait le matin, on oublie des choses et ce n’est pas très bon.
Le faire la veille au soir, c’est bien mieux. Effectivement tu disais que de pouvoir répartir son temps, c’est une bonne chose quand on est en famille. Mais de pouvoir également se concentrer sur quelques lieux emblématiques plutôt que d’essayer de tout faire, c’est aussi un bon conseil ?
Point #2 : Concentrez-vous sur quelques lieux emblématiques
Frédéric : Il faut sélectionner les lieux en quantité raisonnable, c’est-à-dire que même si physiquement on a le temps quand on fait un tour en voiture, on a le temps de voir 3 lieux emblématiques dans la journée, c’est tout à fait faisable.
Mais ce qu’il faut plutôt faire, c’est de consacrer suffisamment de temps à un seul lieu, ça peut être une journée entière, le matin, le soir, 2 jours ou 3 jours, en fonction de la qualité du potentiel pour être en capacité de bien le photographier.
Donc concrètement ça veut dire que le temps qu’on aura à passer sur place on l’investit par exemple à faire du repérage. Même si vous avez fait un repérage sur Internet, que vous savez à peu près quels sont les points de vue, ça ne vous dit pas comment accéder au site, ça ne vous dit pas le temps que ça prend et vous avez peut-être envie de faire d’autres cadrages ou trouver d’autres points de vue que ceux qu’Internet vous a suggérés.
Ça prend du temps. Le temps de repérage, c’est un temps pour lequel on a besoin de temps mort. Si on ne passe que 2 heures sur site, on n’a pas le temps de faire ce travail de recherche sur site.
Régis : J’aime beaucoup, franchement je suis aux anges parce qu’il y a beaucoup de similitudes, je m’en doutais mais c’est bien de l’entendre dire par quelqu’un comme toi qui est expert en la matière, il y a beaucoup de liens, de ponts, de similitudes entre la photographie animalière et la photo de paysage.
Ce que tu viens de dire, c’est exactement ce que l’on peut également appliquer à la photographie animalière, à savoir se concentrer sur des sujets précis plutôt que d’essayer de tout survoler, parce qu’en général c’est quand on se disperse que les choses sont mal faites.
Frédéric : Tout à fait. C’est vrai de plein de domaines, même en entreprise. Tu faisais la correspondance entre le monde professionnel et le hobby. Quand on veut faire un bon travail, il faut gérer ses priorités. On entend souvent ça dans l’entreprise.
Il faut gérer ses priorités, il ne faut pas avoir 50 indicateurs de performance, il faut en choisir quelques-uns qui sont révélateurs pour pouvoir mieux travailler dessus. Le temps est compté et il faut l’utiliser au mieux.
Régis : C’est exactement ça. Je n’ai pas du tout de transition pour le 3e point mais ce n’est pas grave. Le 3e point, tu en as déjà parlé au début de l’interview, tu voudrais parler sur l’utilisation du filtre polarisant et du filtre dégradé neutre. Je pense que ceux qui débutent dans la photographie ont forcément entendu parler de ce genre d’accessoires sans savoir exactement ce que c’est. Frédéric, si tu veux bien, qu’est-ce que c’est exactement et en quoi c’est super important ?
Frédéric : Juste, je voudrais conclure le point 2 en disant que passer du temps sur place, ça permet de photographier le sujet plusieurs fois, de plusieurs points de vue et surtout d’avoir toutes les chances de bénéficier de la bonne lumière.
Point #3 : Utilisez un filtre polarisant et un filtre dégradé neutre
Et la bonne lumière elle est parfois difficile à photographier. D’où l’utilisation des filtres. Le filtre dégradé, ça rejoint le point précédent, la bonne lumière est souvent difficile à photographier parce que quand on photographie par exemple un coucher de soleil, on va être en contre-jour. Il faut donc des filtres pour aider l’appareil photo à prendre la photo correctement.
Concrètement un filtre dégradé, on parle de filtre dégradé neutre, il est neutre parce qu’il n’ajoute aucune couleur à l’image, contrairement à d’autres filtres. En argentique on utilisait beaucoup de filtres réchauffants, refroidissants, pour essayer d’équilibrer les couleurs.
Le filtre neutre n’en rajoute absolument aucune, sa fonction est de bloquer une partie de la lumière qui rentre par l’objectif et qui atteint le capteur. Il est dégradé, c’est une plaque de plastique haute performance
Régis : C’est comme si on prend un petite plaque de verre et qu’on prend une bougie et qu’on fait fumer la plaque de verre, c’est le même principe, c’est la même chose.
Frédéric : C’est le même principe, concrètement je crois qu’ils doivent faire ça au niveau de la fabrication. Le revêtement ou l’imprégnation de la matière elle est faite de manière dégradée. C’est-à-dire que le haut du filtre est très foncé, très sombre, et plus on descend vers le milieu du filtre, plus le fumé est clair. Ce qui permet de gérer les transitions et de faire une photo sans qu’on aperçoive du filtre.
Régis : Tout ça, c’est quand même pour aider l’appareil à gérer la grande plage dynamique de lumière parce qu’on sait que notre œil est capable de voir des grandes plages dynamiques, c’est-à-dire des zones très foncées sous-exposées et des zones très éclairées.
Notre œil est capable de faire le lien entre tout ça et de pouvoir afficher tout ça sans problème. Alors que l’appareil photo, même si des progrès ont été faits dans ce domaine-là, les capteurs numériques ont vraiment du mal à gérer ces grandes amplitudes de luminosité. Avec un filtre dégradé neutre on va aider l’appareil à gérer ces différentes expositions. C’est ça ?
Frédéric : Oui, tout à fait. Ce qui se passe généralement, c’est que le ciel est beaucoup plus clair que le premier plan, ce qui pose une question en termes de dynamique. La dynamique de l’image est trop importante, ce qui pose le problème de comment exposer correctement la photo.
Si on expose pour le premier plan, le ciel qui est déjà très clair va l’être encore plus et risque que d’être cramé, c’est-à-dire tout blanc ou trop blanc. Donc on aura une perte de détails. C’est exactement la même chose si on expose le ciel, le premier plan va être beaucoup trop sombre.
Régis : Donc là, on a un choix à faire. Si on fait ce choix-là, on perd la partie intéressante de l’image ?
Frédéric : On peut perdre effectivement la moitié de l’image. Donc l’idée c’est d’avoir un filtre qui permet de diminuer la dynamique de l’image en interposant devant l’objectif un filtre dégradé dont on place la partie foncée sur le ciel. Ça va réduire en fonction des différents filtres, j’utilise deux filtres dégradés : un 2IL et un 3IL qui divise la lumière par 9 pour ce dernier ».
Régis : C’est beaucoup !
Frédéric : C’est beaucoup, mais comme il est dégradé je n’utilise pas forcément la partie la plus sombre. Il est dégradé mais il est plutôt long également. Il faut le glisser plus ou moins profondément dans le porte-filtre.
Régis : C’est un filtre carré qu’on glisse plus ou moins dans le porte-filtre. Il existe des filtres dégradés neutres qu’on va visser devant la lentille frontale. Mais toi, ce dont tu parles, c’est un filtre carré qu’on va glisser plus ou moins. C’est ça ?
Frédéric : Il est rectangulaire. Donc par opposition à circulaire. Ce n’est pas quelque chose qu’on visse sur l’objectif. Ce qui n’a pas de sens d’ailleurs parce qu’en général le dégradé est au milieu dans ces filtres-là, ce qui vient en contradiction complète avec les quelques règles de la composition, la règle des tiers notamment, qui veut qu’on place l’horizon au tiers de l’image, au tiers inférieur ou supérieur.
Mais si vous avez sur l’objectif un filtre dégradé dont le dégradé arrive au milieu de l’image, vous êtes obligé quelque part de mettre l’horizon au milieu de l’image.
Donc le filtre il est rectangulaire, plutôt assez long, ce qui permet de le glisser plus ou moins profondément dans le porte-filtre et d’adapter le positionnement du filtre en fonction du cadrage qu’on a choisi.
Régis : J’aime beaucoup cette démarche-là parce qu’on parlait tout à l’heure de l’argentique qui permet de prendre le temps. Là c’est carrément la même démarche. C’est-à-dire qu’on est vraiment dans la création, on a posé l’appareil sur un trépied, on a son porte-filtre, on va placer le filtre différemment suivant ce qu’on veut avoir comme résultat. Je trouve que c’est une démarche qui est vraiment presque la vraie photo, où le photographe prend le temps de créer son image, comme un peintre finalement.
Frédéric : Oui, c’est important de le faire. Je sais qu’il y a beaucoup de gens qui disent « ça on peut le faire sur Photoshop ou Lightroom en postproduction ». C’est vrai dans certains cas. Ce ne l’est pas quand la dynamique de l’image est trop importante parce qu’il y a vraiment des cas où la photo est ratée, complètement ratée, on ne peut pas la récupérer sur Photoshop ou en postproduction.
On est parfois contraint de le faire au moment de la prise de vue. Je dirais que faire l’effort de construire sa photo, on a déjà fait l’effort de construire un projet avant de partir, autant continuer cette démarche et réussir la photo le plus possible en amont du processus de fabrication de l’image.
Ce qu’on ne fait pas dans la préparation, on va devoir le faire sur le terrain. Ce qu’on ne fait pas sur le terrain, on va devoir le faire en postproduction. Plus on retarde le moment de réussir la photo, moins on a de chance de réussir. Au-delà du résultat final, il y a un plaisir intellectuel à réussir les choses toi-même à la main, plutôt que de trafiquer et passer du temps devant un ordinateur, ce qui est somme toute moins agréable, il vaut mieux le passer sur le terrain.
Régis : Exactement.
Frédéric : Je pense que le temps qu’on passe à construire son image, ça permet de se connecter à soi-même, de se connecter à ses émotions, de se concentrer, de réfléchir. Au final, d’apporter un petit peu de soi dans l’image. Ce qui est le but ultime de tout photographe ou de tout artiste, de faire des photos qui sont un peu personnelles.
Régis : C’est top comme conseil parce qu’on entend souvent des photographes qui sont très bons et à qui on demande « comment tu parviens à un tel résultat », le photographe va dire en toute bonne foi et de manière très sincère « je photographie comme je suis » ou « c’est l’émotion qui parle ».
Malheureusement ce n’est pas très concret comme conseil, ça apporte pas grand-chose pour celui qui débute. Ce que tu viens de dire, ça fait vraiment le lien entre ces conseils très généraux qu’on peut entendre parfois. C’est-à-dire que passer du temps à faire une photographie, à la composer, à la réfléchir, on y met de soi-même. Là, les conseils très concrets que tu viens de donner, c’est parfait. Est-ce qu’on peut parler un peu du filtre polarisant, Frédéric ?
Frédéric : Le filtre polarisant, c’est un filtre que j’ai toujours sur mon objectif. C’est un filtre qui est, dans certaines conditions, assez magique. C’est un filtre qui a la particularité de supprimer de la lumière polarisée. La lumière polarisée c’est une lumière qui a subi déjà une réflexion ou plusieurs. En gros, c’est un filtre qui permet de supprimer des réflexions.
Quand vous avez une rivière, une surface réfléchissante d’une manière générale, ça peut être une rivière, un plan d’eau, la mer, mais aussi les feuillages, l’herbe, etc. ça permet de supprimer tous ces reflets-là et d’avoir une image beaucoup plus dense, d’avoir des couleurs plus denses, plus pêchues.
Il y a un test qu’il faut absolument faire, c’est se mettre devant une vitrine ou un pare-brise de voiture dans lequel il y a tellement de réflexion qu’on ne voit pas ce qu’il y a derrière, vous mettez le polarisant, vous le tournez jusqu’à éliminer totalement la réflexion, et comme par magie, alors que vous ne le voyez même pas à l’œil nu, ça supprime les reflets et vous voyez directement ce qu’il y a derrière. C’est un filtre assez incroyable de ce point de vue-là.
Régis : Toi, tu le laisses en permanence, tu l’as dit. Est-ce que ce n’est pas embêtant de laisser comme ça un filtre devant parce que finalement ça fait une couche supplémentaire ? Est-ce que ce n’est pas un peu embêtant pour le piqué final de la photo ?
Frédéric : Oui, théoriquement oui. Plus on en met, plus on prend de risque sur le piqué. Mais c’est quoi un filtre polarisant par rapport aux 2 centimètres de lentille de l’objectif, voire davantage. Je pense que c’est tout à fait négligeable, notamment par rapport au bénéfice qu’il apporte.
Régis : D’accord. En plus ça peut protéger la lentille frontale.
Frédéric : C’est très important de l’utiliser, d’autant qu’il est absolument impossible, dans la définition que j’ai faite du filtre polarisant, vous imaginez bien qu’on ne peut pas supprimer sous Photoshop des reflets et de deviner, de construire ce qu’il y avait derrière une vitre, il est impossible de simuler l’effet du filtre polarisant en postproduction. C’est vraiment quelque chose à faire sur le terrain.
Point #4 : Utilisez un trépied
Régis : On revient souvent à ce que l’on entend, c’est-à-dire que la photo elle est réussie ou ratée à la prise de vue. Après, on peut faire ce qu’on veut en postproduction, il n’y aura pas de miracle à faire si à la prise de vue c’est loupé. Donc on revient à ce point super important. Point n° 4 : le trépied. On l’a déjà évoqué. Je parlais de tremplin vers la créativité. Qu’est-ce que tu peux ajouter par rapport à ça ?
Frédéric : Les appareils photo d’aujourd’hui, à la limite, peuvent se passer de trépied parce que là j’ai lu récemment que les derniers appareils photo permettent de prendre des photos à 100.000 iso, avec certainement un peu de bruit mais qu’on peut éliminer. On peut prendre des photos dans des conditions de très basse lumière en se passant de trépied.
Plus ça ira, plus ça sera le cas. Maintenant c’est une erreur de se dire que c’est toujours ça de moins à porter parce que c’est un des accessoires qui vous permet de faire des choses qu’on ne peut pas faire à main levée, à savoir d’explorer les expositions très longues.
On est parfois contraint quand même d’utiliser le trépied parce qu’on photographie souvent en basse lumière quand on fait de la photographie de paysages. Les conditions de basse lumière sont accentuées parce qu’on utilise souvent une faible profondeur de champ, ce qui oblige à fermer le diaphragme et à faire rentrer d’autant moins de lumière dans le capteur.
Donc à moins d’augmenter les iso au risque de perdre en qualité, on est quand même obligé d’utiliser un trépied la plupart du temps. Mais j’ai envie de dire pour ce qui est de l’apport en termes de créativité, le trépied permet de faire des expositions longues qu’il est impossible de faire à main levée. Ça permet également de prendre soin de son cadrage, de se poser.
Régis : C’est vraiment toute la différence. J’ai découvert ça un certain temps de ça aussi mais il faut vraiment que les gens qui nous écoutent en prennent conscience. Moi je l’ai découvert par rapport à la macro.
J’avais plutôt tendance à bâcler mes compositions sur la macro parce que les positions que je prenais étaient parfois inconfortables. J’avais vite envie de finir la prise de vue pour me décontracter les muscles.
Mais en fait le trépied permet de s’affranchir de tous ces inconforts liés parfois à des positions inconfortables justement et de prendre le temps de faire le cadrage qu’on veut, de fignoler, de peaufiner des cadrages qu’on n’aurait pas faits à main levée parce que parfois ça peut être long, on peut avoir mal au bras.
Frédéric : Oui. D’autant que si on veut inclure un premier plan, ça veut dire qu’on va parfois être très proche du sol. Du coup, tenir cette position n’est pas réaliste. Donc ça permet d’affiner son cadrage et également d’attendre la bonne lumière avec l’appareil photo en place.
Il n’y a plus qu’à attendre et vous déclenchez au moment où la bonne lumière arrive, sans avoir à regarder de nouveau dans le viseur puisque vous connaissez votre cadrage, vous savez qu’il est bon. Ça permet effectivement de rester plus longtemps sur scène tout en gardant un bon cadrage. Peut-être un dernier conseil sur le trépied.
J’évoquais tout à l’heure la contrainte d’avoir un trépied parce que c’est quelque chose d’encombrant et qu’il faut porter. Mais je conseille, pour ce qui est la photo de paysage, d’avoir un trépied aussi lourd que possible. Parce que le poids signifie stabilité.
Régis : Tout simplement. D’ailleurs c’est pour ça que sur certains trépieds, je pense même tous, on voit une espèce de crochet sur un des pieds ou au milieu, un crochet qui permet d’accrocher justement un poids supplémentaire, un sac de sable par exemple pour pouvoir encore alourdir un peu plus l’ensemble et être plus stable.
Frédéric : Oui, c’est ça.
Régis : Moi je ne le fais pas mais certains parfois mettent la main sur le boitier pour apporter un peu plus de stabilité à l’ensemble. Ça peut être aussi une autre solution. Finalement un trépied c’est un peu comme un objectif, c’est un investissement. Le mien ça fait plus de 5 ans que je l’ai, et je l’ai encore pour des années, il ne bougera pas. C’est ça qui est bien aussi, c’est qu’on l’achète une fois. Si on ne l’utilise pas pendant plusieurs mois, ce n’est pas grave, on l’a toujours. Ça me permet d’enchainer sur la suite, sur le point n° 5. De faire attention au flou de bouger. Déjà qu’est-ce que c’est exactement le flou de bougé ?
Point #5 : Faites la chasse au « flou de bougé »
Frédéric : Le flou de bougé, il y en a 2 types mais celui dont je parle, c’est un flou de bougé qui intervient quand l’appareil ou l’ensemble du matériel bouge au moment de la prise de vue. On peut vouloir jouer avec cette contrainte et obtenir des filés. Par exemple si on suit une voiture ou un vélo qui se déplace de la droite vers la gauche, on peut suivre le sujet en mouvement avec l’appareil photo.
Donc là ça va induire un flou. L’idée c’est de garder le sujet net, c’est-à-dire que le sujet, bien que l’appareil photo se déplace, soit toujours au même endroit dans le viseur. Ça c’est difficile à obtenir, il faut beaucoup de pratique. Ça c’est un moyen détourné, très créatif d’ailleurs, du flou de bougé.
Mais quand on fait de la photo de paysage, en général il faut faire en sorte que le boitier soit totalement immobile pendant la prise de vue. Si on n’a pas de trépied, on imagine les risques qu’on prend. Il y a d’autres sources de flou de bougé.
Le flou de bougé, c’est quand il y a un mouvement non voulu, non délibéré du matériel induit par le photographe ou même le matériel lui-même, durant la prise de vue. Ce qui fait qu’on a une photo qui peut paraitre nette mais quand on zoome, ne va pas l’être.
Régis : Exactement. J’allais le dire. C’est important de le signaler. Il faut vraiment utiliser cette chance qu’on a avec les numériques de pouvoir voir l’image juste après la prise de vue, c’est d’aller zoomer dans l’image. Il y a une fonction que j’aime bien sur mon appareil photo, je clique sur un bouton, ça me fait un zoom 10 fois, ce qui est beaucoup mais qui permet de savoir tout de suite si la photographie est nette ou floue.
Ce n’est pas un timbre-poste, sur l’écran il est déjà assez grand, ça fait 6-7 centimètres de diagonale, ce qui permet déjà d’avoir un bon avis sur la photo. Mais quand on regarde parfois dans le détail, on se rend compte que la photo n’est pas suffisamment nette. Ça peut être parfois dû à du flou de bougé.
Frédéric : Tout à fait. Il y a net et net. C’est comme blanc, c’est plus blanc que blanc. Avec les capacités maintenant des capteurs et même des objectifs qui essayent de suivre la résolution des capteurs, le moindre bouger vous empêche d’exploiter au maximum les performances de l’appareil. C’est dommage, vous avez investi beaucoup et sur le terrain vous ne faites pas suffisamment attention ou ça ne permet pas d’exploiter les capacités de l’appareil.
Régis : C’est ça. Quels sont tes 3 conseils pour pouvoir justement supprimer au maximum ce flou de bougé qui peut être embêtant pour la netteté et le piqué final ?
Frédéric : Le premier dont on a déjà parlé, c’est d’avoir un trépied. Les 3 autres finalement, c’est d’utiliser un déclencheur à distance voire le retardateur.
Certains appareils photo ont un retardateur de 3 secondes, ce qui permet d’éviter les 10 secondes qui permettent normalement de se positionner devant la caméra et de rejoindre ses copains pour une photo de groupe, ça peut effectivement être un peu long, d’autant que la bonne lumière dure parfois très peu de temps. Si à chaque fois qu’on prend une photo il faut attendre 10 secondes, c’est très énervant.
Il vaut mieux prendre un déclencheur à distance, ce qui permet de multiplier les prises de vue. Un conseil qui est lié au 2e conseil que je donne, c’est que le flou de bougé il peut être induit par le moment où on déclenche. Donc si on appuie sur le bouton, même si l’appareil est sur le trépied, ça va nécessairement faire bouger un tout petit peu l’appareil.
Même avec un déclencheur à distance, le miroir lui-même quand il se lève, ils sont prévus pour faire des photos jusqu’à 1/4000 de seconde, on imagine la rapidité du miroir. Le miroir une fois qu’il est levé, il bute contre une sorte d’amortisseur, là ça fait bouger l’appareil.
Régis : Des micro vibrations qui sont vraiment très embêtantes pour le piqué.
Frédéric : Des micro vibrations qui durent une demi-seconde ou une seconde. Donc je conseille d’utiliser la fonction que certains appareils photo ont, et si on veut faire de la photographie de paysages je conseille d’acheter un appareil photo qui a cette option, une option qui consiste à réaliser le déclenchement en 2 temps, le premier temps c’est relever le miroir et le 2e temps c’est relever le rideau et de faire rentrer la lumière sur le capteur.
Quand on photographie à main levée, ces 2 opérations sont faites dans le même instant. Avec l’option relever le miroir lors de la prise de vue, ça porte différents noms en fonction des constructeurs, ça permet après un premier déclenchement de relever le miroir, on attend une ou 2 secondes pour que les vibrations disparaissent, ensuite on appuie une 2e fois pour relever le rideau qui est très léger et qui n’induit quasiment aucune vibration.
Cette option plus le fait d’attendre un peu la fin de la vibration permettent de limiter les flous de bougé. C’est vraiment quelque chose qu’on sous-estime et qu’on connait assez peu.
Régis : Effectivement. Tu as souligné tout à l’heure l’importance des investissements qu’on peut faire sur un super objectif de gamme pro avec un capteur qui est vraiment super bien défini. On peut clairement perdre ces avantages-là chèrement gagnés avec un miroir qui n’est pas relevé qui, en se levant, va faire un peu de vibration, qui va perdre ces avantages-là.
J’ajouterais, pour compléter ce que tu viens de dire, que la fonction liveview de la plupart des reflex maintenant permet déjà de s’affranchir du relevé de miroir parce qu’il est de fait déjà relevé. Pas chez Sony, je crois, parce que la technologie est différente mais chez Canon, Nikon, Pentax avec des reflex classiques avec le miroir, quand on utilise la fonction liveview, le miroir est relevé pour pouvoir voir l’image sur l’écran. C’est déjà ça en moins de vibration.
Frédéric : Oui, tout à fait. Le 3e conseil que je donne, c’est de multiplier les prises de vue parce qu’on n’est jamais trop prudent. On pense peut-être avoir fait une photo complètement nette mais c’est notamment le cas quand il y a du vent et quand vous avez posé votre trépied sur quelque chose qui est aussi stable que possible mais pas totalement non plus.
Parce que quand on est sur de l’herbe, on a beau un peu tassé, essayé de planter le trépied sur le sol, ce n’est pas toujours hyper stable. Donc il faut multiplier les prises de vue. En plus ça ne coute rien en numérique, il ne faut pas se gêner.
Régis : Après ça fait un peu plus de travail en post traitement mais des fois ça vaut le coup de faire ce travail-là, en tout cas avoir plus de quantité. C’est exactement la même chose pour l’animalier où on veut figer le mouvement d’un oiseau en vol par exemple, c’est la même chose, il faut multiplier les prises de vue pour augmenter la chance d’avoir le comportement intéressant sur une des images. Frédéric, le point n° 6, on va parler de longue durée pour la créativité. En quoi la longue durée peut booster la créativité du photographe ?
Point #6 : Testez les expositions de longue durée pour booster votre créativité
Frédéric : On disait il y a un instant que le trépied était l’accessoire indispensable de la créativité, précisément pour cette raison-là. C’est-à-dire qu’avec un trépied vous pouvez photographier en exposition longue. Une exposition longue, on se comprend, c’est une exposition qui fait plus qu’une demi-seconde et qui peut aller jusqu’à plusieurs dizaines de minutes, voire plusieurs heures.
Il est évident qu’un trépied est indispensable. Pourquoi c’est créatif ? C’est créatif parce que finalement quand vous utilisez des expositions longues, vous obtenez un résultat que vous ne voyez pas à l’œil nu. L’œil photographie quelque part, ou voit en temps réel. Je ne sais pas quelle est la fréquence en termes d’images par seconde du cerveau, je ne sais pas combien il est capable de traiter.
Quand vous voyez une vague, vous voyez tous les détails de la vague et des gouttes qui se forment. Photographier en exposition longue, ça vous permet de voir des choses, de réaliser une image qui n’a rien à voir avec ce qu’on voit d’habitude à l’œil nu.
Rien que ça c’est un petit plus que vous apportez à votre image. On peut l’utiliser de différentes manières en fonction de la durée d’exposition. Quand on fait une exposition de quelques secondes, on va révéler un mouvement. Dans une scène de paysage, il y a souvent du mouvement.
Pas toujours, mais beaucoup plus que dans de la photographie d’architecture ou de choses comme ça. Ça peut être des vagues si on est au bord de la mer ou une cascade bien entendu.
Régis : Les nuages par exemple.
Frédéric : Les nuages, oui. Ça peut être même les branches d’un arbre ou des plantes qui seraient au premier plan, qui bougent grâce au vent. Je ne dis pas à cause du vent mais grâce au vent parce que ça permet de rajouter quelque chose dans l’image.
Quelques secondes d’exposition et vous verrez les branches bouger. Ça va permettre d’apporter un niveau de lecture à l’image que vous n’auriez pas eu si vous aviez déclenché à main levée ou à vitesse élevée. Là on peut dire qu’il y avait du vent, qu’il se passait des choses intéressantes dans l’image. Les mêmes éléments, notamment les vagues, si vous utilisez une exposition de plusieurs dizaines de secondes, plutôt que de les révéler, vous allez les faire disparaitre.
C’est notamment le cas quand vous avez des cascades, quand vous photographiez en vitesse élevée, vous allez avoir tous les détails de l’eau, des gouttes qui s’éclatent contre les rochers, etc. Si vous photographiez à plusieurs dizaines de secondes d’exposition, vous allez faire disparaitre toutes ces gouttes, tous ces détails et vous allez créer quelque chose d’un peu énigmatique.
Les vagues, si elles sont importantes, vous photographiez pendant 30 secondes ou une minute, vous allez complètement les faire disparaitre, ça va faire apparaitre à la place une sorte de brouillard qui va être très énigmatique, très évocateur. Ça va créer des ambiances très riches.
Régis : Effectivement ce que tu dis là, c’est vraiment très chouette. Quand tu disais booster la créativité, on est vraiment là-dedans. J’aime beaucoup l’effet duveteux que ça peut provoquer quand on voit les filés, ce n’est même pas des filés, c’est le flou des rivières, ça fait un effet duveteux qui est vraiment très énigmatique.
Cet effet duveteux va être en contraste très violent, très fort avec la pierre à côté qui, elle, est restée nette puisque forcément elle ne bouge pas. Ce contraste des matières, c’est quelque chose qui est parfois difficile à réaliser en photographie.
Contraster la lumière, contraster les couleurs, c’est plus simple à mettre en œuvre mais contraster les matières c’est plus difficile je trouve. Là on peut y arriver avec ces longues poses entre une matière dure et une matière très moelleuse, c’est quelque chose qui est très riche. J’aime beaucoup ce genre d’images.
Frédéric : On arrive vite à obtenir des choses assez naturelles. J’ai fait une photo en Irlande à un endroit qui s’appelle Sea Head, c’est dans le comté de Kerry, où il y avait des vagues d’au moins un mètre de haut, voire davantage. C’était des conditions de très hautes marées, il y avait beaucoup de vent.
J’ai utilisé une exposition de 20 à 30 secondes. Il y a beaucoup de gens quand ils voient cette photo, ils pensent que ce sont des nuages. Ils pensent que j’étais en haute montagne, que j’ai pris les photos au-dessus des nuages. Du coup, ça rajoute vraiment du mystère à l’image, ça interpelle. Je recommande vraiment de tester, c’est très facile à faire.
Régis : Exactement, c’est très facile. Il ne faut pas que les gens se disent « ça a déjà été fait, c’est un truc vu et revu, la cascade avec un long temps de pose c’est déjà fait et refait », on s’en fiche complètement, l’intérêt c’est de se faire plaisir sur le moment, de s’exercer, de tester des choses. Finalement c’est en testant qu’on se découvre une passion pour tel ou tel point particulier. Il faut vraiment le faire, s’amuser à faire ça.
Frédéric : Oui. De toute façon les photos de cascades qui sont prises à main levée en vitesse élevée, elles sont faites également, elles sont faites encore beaucoup plus souvent. Quitte à choisir un sujet qui a déjà été fait, autant choisir un sujet qui a été fait moins souvent et qui sont faits par des gens qui connaissent peut-être un peu plus la technique photo. Après il y a plein de façons. Ce n’est pas parce qu’on utilise la même technique que d’autres personnes qu’on va avoir les mêmes photos.
Régis : Exactement. C’est tout à fait vrai.
Frédéric : C’est une technique à la disposition des photographes qu’il faut connaitre et utiliser.
Régis : Un truc qui est bien à faire et qu’on voit assez peu sur les forums, sur les sites de partage photo, même sur Facebook, c’est le flou de bougé des branches avec le vent. On dit souvent qu’il faut sortir par mauvais temps, c’est là où les photos, particulièrement pour le paysage, sont très belles à faire.
Un gros vent avec des nuages assez noirs, surtout un gros vent qui va faire bouger tous les feuillages, on fait un long temps de pose, 10, 20, 30 secondes. On va avoir les troncs très nets, un gros arbre ne bouge pas avec son tronc même s’il y a beaucoup de vent, tout le reste des branchages et des feuillages va être tout flou, c’est même bizarre, c’est difficile à décrire. Ça peut donner des photos vraiment extraordinaires. Il ne faut pas s’en priver.
Frédéric : On peut faire 20 à 30 secondes. On peut aussi faire une demi-seconde ou une seconde parce que les effets vont être différents. Ça dépend de la force du vent, ça dépend de l’amplitude du mouvement.
Mais si on photographie en automne par exemple les feuilles d’un arbre sur lequel il reste encore quelques feuilles bien jaunes, sur un fond de nuages ou un fond très foncé, avec un peu de vent, utiliser une vitesse d’exposition d’une demi-seconde, ça permet de créer une sorte de virgule.
Alors que si on photographie à 20-30 secondes, là on va quasiment faire disparaitre la feuille. Il y a vraiment une combinaison, il faut essayer. Mais il faut savoir que l’on peut faire carrément faire disparaitre le sujet si l’exposition est très longue.
Du coup ce qui peut être intéressant c’est de le faire apparaitre, pas l’objet en lui-même, mais le déplacement de l’objet comme une feuille qui bouge. Il faut tester.
Régis : Encore une fois on revient sur l’intention photographique. C’est vraiment la marotte. On ne fait pas une photo pour faire une photo. On fait une photo parce qu’on a une intention.
Si l’intention, c’est comme tu disais de faire une virgule et de montrer la force du vent, peut-être qu’on mettra une demi-seconde, parce que ça suffira. Si on veut montrer autre chose, on mettra plus de temps. Il faut vraiment avoir une intention photographique, c’est ce qui va déterminer le réglage derrière par la suite.
J’ai fait une conférence à Paris au Salon de la photo il y a quelques semaines maintenant, en novembre 2016. J’expliquais comment faire une photographie animalière captivante. Pour y arriver, j’expliquais entre autres qu’il fallait montrer un comportement, en tout cas raconter une histoire dans la photographie.
Une personne m’a posé une question « c’est très intéressant pour l’animalier, je vois tout à fait comment faire mais pour le paysage, raconter une histoire avec un paysage, je ne vois pas trop ». Justement, le point n°7 va permettre de pouvoir répondre à cette personne-là et à d’autres personnes aussi.
Point #7 : Intégrez un personnage, un animal dans le paysage
Frédéric : Absolument. Les histoires sont des histoires d’humains, donc intégrer un personnage dans l’image, voire un animal. Ça peut-être un animal, ça peut être une pomme de pin, ça peut être autre chose, ça va être quelque chose qui va interpeller et qui va permettre de raconter une histoire.
Les chemins c’est très intéressant. Il y en a beaucoup de chemins dans les paysages. Si vous intégrez un chemin dans le paysage, l’œil va suivre le chemin, on va se demander ce qu’il y a au bout du chemin. C’est des petites choses qui peuvent vraiment rajouter de l’âme. Déjà concrètement au-delà de raconter une histoire, ça permet d’obtenir un point d’accroche, d’insérer un point d’accroche dans l’image.
Régis : Tu veux dire que c’est important que l’œil sache où aller directement quand il regarde une photographie, parce que ça peut être déstabilisant de ne pas savoir où aller quand on regarde une photo, c’est ça l’idée ?
Frédéric : C’est un des secrets de la composition que de permettre à l’œil de rentrer dans l’image, on le verra juste après sur le conseil suivant qui consiste à intégrer un premier plan dans l’image. Le secret de la composition, c’est d’aider le spectateur à rentrer dans l’image, de le capter, de faire en sorte qu’il n’ait plus envie de sortir de l’image, qu’il soit un peu hypnotisé par cette image qui l’interpelle.
Il va regarder des détails, il va naviguer dans l’image. Il n’y aura aucun élément qui va l’inviter à sortir de l’image. Le point d’accroche, c’est un des éléments qui va l’aider à rentrer dans l’image et à rester dans l’image. Il faut faire attention à ce que le personnage, l’animal ou ce qu’on rajoute dans le paysage soit d’une taille réduite. Parce que si on intègre un humain qui fait un tiers de l’image, ça va finir en portrait.
Régis : Ce n’est plus l’idée, on sort du cadre du paysage.
Frédéric : Si vous intégrez un animal qui prend la moitié de l’image, c’est de la photo animalière. Donc il faut que le point d’accroche soit plutôt petit. Il faut que ce soit visible en même temps. Si vous mettez un humain très petit, 1 centimètre par exemple sur une feuille A4, c’est largement suffisant s’il est contrasté, s’il est en contre-jour.
Là on va très rapidement le voir. Moi j’aime moins parce que ça peut faire un peu téléphoné, il peut avoir des habits rouges. Il y a des gens qui utilisent des parapluies de couleur. C’est un peu démodé comme effet mais c’est un peu l’idée.
Régis : Ça fait un peu mise en scène peut-être, un peu artificiel.
Frédéric : Oui, un peu artificiel, un peu mise en scène. Donc c’est un point d’accroche. Ça donne aussi une idée d’échelle. On peut se dire « il y a une formation géologique, il y a un arbre, il a l’air grand, est-ce qu’il est grand ». Des fois on ne sait pas trop.
Donc ça permet de donner un élément d’échelle et de rajouter un peu de vie, un peu de dynamisme à l’image. J’ai des fois des gens qui m’ont dit qu’il manquait un peu d’humain dans mes images. Personnellement ça ne me gêne pas parce que c’est un des effets que je veux reproduire, c’est un peu l’immensité, la nature complètement vierge d’activités humaines.
Mais en même temps intégrer un personnage, si on le place correctement dans une position un peu contemplative, ça permet de rajouter de l’émotion également dans une image.
Régis : Complètement. Tout ce que tu dis, ça me fait penser à Antonin Charbouillot, une jeune photographe que j’ai interviewé il y a quelque temps, ça doit être l’épisode 42 je crois.
Ceux qui nous écoutent peuvent aller voir son compte Instagram d’Antonin Charbouillot. Tout ce que tu dis me fait penser à ça. Il se met lui-même en scène. C’est-à-dire qu’il va déclencher à distance son appareil, c’est lui qui est en scène dans le paysage. Ça rajoute de la narration à son paysage. C’est absolument excellent.
Frédéric : C’est un petit truc qu’il faut utiliser, mais utiliser de temps en temps, il ne faut pas le faire sur toutes ses images parce qu’au bout d’un moment ça peut devenir un peu lassant, je trouve. Donc c’est un petit plus qui permet de rajouter de la variété dans une image mais le faire systématiquement, ça fait un peu recette de cuisine.
Quand on voit une seule image indépendante d’un portfolio ou d’un projet, ce n’est pas gênant du tout. Mais si le même personnage à peu près positionné de la même façon se retrouve sur plein d’images. C’est un effet qu’il faut utiliser avec parcimonie mais qui rajoute effectivement pas mal de choses à l’image.
Régis : Exactement. Tu parlais de variété dans la photo de paysage. Intégrer un premier plan, donc le conseil n°8, ça peut faire partie de la variété qu’on peut intégrer, le premier plan ?
Point #8 : Intégrez un premier plan
Frédéric : Le premier plan, c’est un des secrets de la composition qui va permettre à la personne qui n’était pas là avec vous dans le paysage, de rentrer quand même dans l’image. Ça permet de créer un effet 3D qui est assez riche et qui permet de rendre hommage à l’immensité des lieux et de renseigner également sur la nature du paysage, c’est-à-dire sa végétation, il peut y avoir des formations géologiques caractéristiques des lieux.
Il faut choisir un premier plan qui soit joli, caractéristique si possible, qui donne envie. Mais c’est quelque chose qui permet de rajouter quelque part presque un 2e sujet à l’image. Si vous photographiez un paysage en photographiant à hauteur d’homme en zoomant un petit peu, là vous n’aurez que ce qui se passe à l’infini. Donc c’est bien d’inclure également un premier plan, tout en gardant l’infini dans l’image.
Régis : Bien sûr. Grande question : comment on fait pour se débrouiller pour avoir tout net, parce qu’il y a une distance énorme entre le premier plan à quelques mètres et l’infini qui par définition est très loin ?
Point #9 : Gérez au mieux la profondeur de champ
Frédéric : C’est le conseil n°9, c’est d’augmenter la profondeur de champ, bien entendu. La profondeur de champ c’est le réglage de l’objectif, le diaphragme dans l’objectif, qui permet d’obtenir une zone de netteté très importante. La zone de netteté comme son nom l’indique, c’est la zone de l’image qui va être nette.
Plus on ferme le diaphragme, c’est-à-dire plus on a un chiffre élevé après le f, f/8, f/16, f/22, plus le diaphragme va être fermé et plus la profondeur de champ va être élevée. C’est paradoxal d’avoir un chiffre élevé et une petite ouverture. En fait c’est f fraction 16, donc c’est 1/16 de l’ouverture au maximum de l’objectif. C’est un petit truc pour s’en souvenir.
Evidemment il faut la fermer au maximum mais il faut faire attention parce que plus on ferme le diaphragme, plus on risque de diminuer la qualité optique de l’objectif.
Régis : Effectivement. Dès qu’on va dans les extrêmes, grande ouverture ou petite ouverture, ce n’est pas là où l’objectif exprime la quintessence de ses capacités ?
Frédéric : Oui, il l’exprime plutôt à la moitié. Donc si on a un objectif qui ferme de 2.8 à f/22 par exemple, vous allez photographier à f/13, c’est ce qu’on peut conseiller. Donc il faut connaitre son objectif sans aller jusqu’à éplucher tous les tests. Tous les objectifs fonctionnent de la même manière et la vie fonctionne de la même manière aussi, les extrêmes en général c’est danger. En général il y a un loup, ça ne peut pas marcher aussi bien.
Régis : Un tout petit bémol par rapport à ça, c’est le photographe animalier qui parle, effectivement les extrêmes ça peut être problématique mais n’empêche que pour les grandes ouvertures, quand on a un objectif qu’on a payé très cher, un 400mm qui ouvre à 2.8, s’il n’y a pas beaucoup de lumière, c’est vraiment dommage de ne pas utiliser l’ouverture à son maximum et de fermer en se disant « c’est là que l’objectif est le meilleur ». S’il faut beaucoup de lumière, on va ouvrir à 2.8 et tant pis si le piqué est un peu moins fort.
Frédéric : C’est toujours un choix qu’on fait. Fermer l’objectif ou l’ouvrir complètement, ça diminue concrètement la qualité de l’image mais ça permet d’obtenir un arrière-plan qui est flou. Il faut choisir entre ce qu’on veut faire. C’est un choix, il faut voir les avantages et les inconvénients.
Mais en ce qui concerne la photo de paysage, comme on sait que d’une manière générale on veut une profondeur de champ élevée, il faut fermer au maximum. Vous allez me dire « comment on fait pour avoir une profondeur de champ élevée sans fermer au maximum ».
Il y a un moyen de le faire, le premier moyen c’est de faire la mise au point au tiers du paysage, et non pas à l’infini comme on le ferait spontanément et comme j’ai fait quand j’ai commencé la photo de paysage, sans trop connaitre cette technique. Il se trouve que quand on fait une photo, quand on fait la mise au point sur un sujet, à une ouverture donnée, on a un certain crédit de profondeur de champ, c’est-à-dire qu’on a une certaine zone de netteté.
Cette zone de netteté elle est répartie pour un tiers devant le sujet sur lequel on a fait la mise au point et pour 2 tiers au-delà du sujet. Ce sont des règles optiques, c’est comme ça, on n’a pas forcément besoin de comprendre. Imaginez que vous fassiez la mise au point à l’infini, vous n’allez finalement bénéficier que d’un tiers de la zone de netteté puisque les 2 tiers au-delà du sujet, c’est-à-dire au-delà de l’infini, ça va être net mais l’infini c’est l’infini, vous allez perdre finalement 2 tiers de votre zone de netteté.
Du coup, le secret c’est de faire la mise au point au tiers du paysage, non pas sur l’infini, mais plutôt plus proche de vous que la montagne qui se trouve au loin par exemple.
Un conseil pour déjà apprendre à connaitre son matériel et gérer au mieux la profondeur de champ, qui est la question ici, c’est qu’on peut utiliser un calculateur de profondeur de champ, il existe des versions sur smartphone, c’est très pratique puisqu’on peut les emmener sur le terrain, qui vous donne pour une combinaison de format de capteur, donc plein format ou pas, de focale, d’ouverture et de distance par rapport au sujet, c’est-à-dire l’endroit où vous mettez la mise au point, pour chacune de ces combinaisons il vous donne la zone de netteté.
Il vous dit l’image sera nette entre 5 mètres et l’infini, ce genre de chose. C’est quelque chose qui peut être utile à emmener sur le terrain ou également à utiliser avant de partir pour bien connaitre son matériel. On n’est pas obligé de l’utiliser sur le terrain, une fois qu’on a compris comment ça marchait, on se dit que si on fait la mise au point à 10 ou 20 mètres, on a quand même une profondeur de champ très respectable.
C’est utilisé dans des cas extrêmes si on veut mettre en premier plan par exemple une fleur ou une roche particulière à 10 ou 20 centimètres de l’appareil photo, là on peut être limité en profondeur de champ, ça peut être utile dans ces conditions-là.
Régis : On en revient à ce qu’on disait tout à l’heure, c’est-à-dire qu’on est toujours dans la même logique, à savoir prendre le temps de faire la belle photo. Ça fait partie de cet état d’esprit où on se pose, on calcule, on prend le temps de bien faire les choses.
Après, si on n’a pas envie de trop se prendre la tête ou si on n’a pas le temps, il faut savoir qu’avec le grand angle, si on utilise une ouverture intermédiaire à f/11 par exemple, la zone de netteté est quand même assez large et il y a peu de chance qu’on se trompe si on n’a pas le temps de faire tous ces calculs-là. Frédéric, on va aborder le 10e et dernier point.
Point #10 : Photographiez bien avant le lever du soleil et continuez après le coucher
Là, c’est un conseil qu’on peut lire assez souvent. Je pense que ceux qui s’intéressent à la photo arrivent à lire assez souvent ce genre de conseil. Mais je pense que c’est bien d’insister là-dessus parce que c’est ce qui permet d’avoir une photo qui soit extraordinaire.
Il s’agit de photographier avant le lever du soleil et de continuer après le coucher. Est-ce que tu peux développer cette notion d’avant le lever et de continuer après le coucher parce que ça peut paraitre surprenant ?
Frédéric : Tout à fait. Moi-même quand j’ai commencé la photographie de paysages, j’étais très intéressé comme beaucoup par les couchers de soleil. Il y a des moments qui sont vraiment plein de surprises, de magie. C’est ce qu’on appelle en anglais les golden hours, les heures en or.
C’est en général une heure, une demi-heure avant le coucher du soleil et quelques minutes après. Je tiens au passage à dire que les couchers de soleil sont beaucoup plus souvent photographiés que les levers de soleil pour des raisons évidentes, parce qu’il faut se lever tôt
Régis : Surtout l’été. L’été c’est absolument terrible !
Frédéric : L’été c’est terrible et a fortiori quand on est dans les pays du Nord, il faut parfois se lever très tôt, 3h-4h du matin, donc ça peut se comprendre.
Régis : En Ecosse par exemple, la différence de quelques milliers de kilomètres par rapport à la France joue aussi sur plusieurs heures de décalage au niveau du lever de soleil ?
Frédéric : Je n’ai pas les calculs en tête mais on peut gagner 3 ou 4 heures de lumière l’été, l’hiver c’est l’inverse. Il y a un décalage d’au moins 1 heure ou 2 en été par rapport à l’heure de lever du soleil.
Régis : Si on prend ses vacances de photo en famille dans les pays du Nord, il faudra intégrer ce paramètre-là dans son emploi du temps.
Frédéric : Oui. Mais je crois que personne ne vous en voudra de faire des photos pendant que tout le monde est au lit. C’est quelque chose qui peut être facilement négociable.
Régis : A condition d’être après frais et dispo pour la journée.
Frédéric : Oui. Vous aurez peut-être besoin de faire une sieste et là ça ne va peut-être pas caler avec l’emploi du temps de la famille. Il faut savoir que si vous photographiez le coucher de soleil et le lever de soleil, vous allez multiplier quasiment par 2 vos chances d’avoir de la belle lumière.
C’est quelque chose qu’on apprend, qui est tellement riche, qui vous offre tellement de surprises qu’on finit finalement par se décider à se lever. Ce n’est plus du tout un effort après.
Régis : Bien sûr.
Frédéric : Mais le point que je voulais évoquer, c’est que le coucher de soleil c’est une chose, le lever également mais je considère les plus belles lumières, peut-être moins spectaculaire dans la mesure où on n’a pas le soleil en contre-jour, il n’y aura pas d’arc-en-ciel, il n’y aura pas de choses comme ça, mais on peut assister à des lumières très riches, très colorées, dans toute une gamme de couleurs, une heure ou 2 avant le lever du soleil.
Ça dépend de la saison et de la latitude. Dans les pays du Nord, une heure avant le lever du soleil, la lumière commence à se lever, il ne fait pas jour. Il fait jour bien avant le lever du soleil, ça on le sait. Mais c’est une réalité.
Avant même qu’il fasse complètement jour, on passe par toute une série de couleurs. Moi la couleur que j’apprécie le plus c’est l’heure bleue, c’est une heure particulière, on dit entre chien et loup, c’est-à-dire que si on est le matin, une heure ça peut durer un quart d’heure, une demi-heure, ¾ d’heure, ça dépend des saisons et des pays, mais c’est une heure où il ne fait plus nuit mais il ne fait pas encore jour.
C’est une espèce d’entre-deux qui a la particularité, comme son nom l’indique, de diffuser un bleu absolument magnifique qui fait le bonheur des artistes très souvent. Je sais que Guerlain a un parfum qui s’appelle l’Heure Bleue. Eric Rohmer a fait un court-métrage qui s’appelle l’Or Bleu également, qui met en scène une fille de la ville qui vient voir sa cousine de la campagne et qui l’initie le matin à l’heure bleue.
C’est une heure où les oiseaux qui vivent la nuit sont couchés et ceux qui vivent le jour ne sont pas encore levés. On n’entend plus les oiseaux. Il peut y avoir la rosée qui sublime les parfums des fleurs. C’est vraiment un moment très poétique dont il ne faut pas sous-estimer la puissance photographique.
Régis : La puissance photographique, et le moment passé est absolument formidable, c’est-à-dire qu’on se retrouve seul, ce serait presque un moment de méditation finalement. Il ne faut pas oublier la photo bien sûr. Mais ce moment-là de vie et d’expérience vécue est vraiment formidable.
Ça me fait penser un petit peu ce que tu dis aux moments juste après les orages d’été où la vie était bouleversée pendant quelques grosses dizaines de minutes. D’un coup ça se calme, ça s’arrête et là c’est une ambiance qui est absolument particulière. Ce que tu dis là sur l’heure bleue, ça me fait penser à ces ambiances d’après orage.
Frédéric : Oui, tout à fait. Après l’heure bleue, il y a toute une déclinaison de couleurs. Après l’heure bleue, ça devient violet, rose, orange, jaune et là le soleil effectivement commence à se lever. C’est magique.
Vous pouvez rester au même endroit en gardant peut-être le même cadrage et avoir des photos très différentes parce que la lumière elle-même va changer.
Quand on fait de la photo de paysage, on photographie le paysage, mais on photographie presque plus la lumière. Je dirais que c’est la combinaison des deux qui fait une magnifique photo de paysage.
Régis : Ce qui rend vraiment super bien, je ne fais pas beaucoup de photo de paysage mais les quelques fois où j’ai pu en faire j’ai remarqué ça, pendant des balades sans penser faire de la photographie, c’est que les nuages qui sont très haut dans le ciel, je n’ai pas le nom exact de ce type de nuages-là, mais ceux qui sont très haut dans le ciel, en règle générale finissent pas donner des couleurs absolument superbes.
Des dégradés, des contrastes très intéressants justement sur ces moments de coucher et de lever, surtout sur les couchers parce que sur les levers je suis moins disponible. Mais sur les couchers de soleil, les hauts nuages dans le ciel donnent des effets magnifiques.
Frédéric : Pour le coup, eux voient le soleil avant tout le monde.
Régis : Exact. Ils sont bien plus haut, donc ils voient le soleil. Le soleil les éclaire d’une façon très particulière. Il n’y a pas encore le soleil qui est visible mais eux sont éclairés, ça donne des choses vraiment superbes.
Frédéric : Tout à fait. Du coup ça s’apprend. Du point de vue photographique c’est plutôt simple à photographier parce qu’on n’a pas de condition de contre-jour, la lumière est plutôt douce, il y a moins de contraste entre le premier plan et le ciel en général, donc c’est plutôt facile à photographier.
C’est très évocateur, c’est très poétique, c’est magnifique. Néanmoins connaitre le début de l’heure bleue, la fin de l’heure bleue, comme ça change en fonction des pays, de la saison, ça peut être un peu compliqué. Il existe des applications sur smartphone, encore une fois, qui vous donne carrément le début de l’heure bleue et la fin de l’heure bleue.
La dernière version de l’application que j’ai en tête, qui s’appelle bluehour vous donne même l’heure du lever du soleil. Vous verrez que ce n’est pas du tout les mêmes heures. Il peut se passer une heure, une heure et demie entre les deux et ça dure entre 10 minutes, quand on est en hiver sous nos latitudes, jusqu’à une heure dans les pays du Nord. Là ça vous laisse le temps de faire des photos.
Le coucher de soleil est beaucoup plus court en général, sauf peut-être dans les pays du Nord. C’est pour ça que j’aime beaucoup les pays du Nord. Comme tu l’as constaté, j’en parle beaucoup parce que le soleil s’y couche très progressivement. Il a une course qui n’est pas horizontale évidemment, mais qui est très progressive. A certaines dates d’ailleurs, autour du solstice d’été, il ne se couche même carrément pas, on a ce qu’on appelle le soleil de minuit.
C’est qu’à minuit il fait encore jour et on voit encore le soleil. Ça, c’est au-delà du cercle polaire. Il y a plein de choses à connaitre sur la lumière, la combinaison de la date du soleil.
Régis : On revient à ce que tu disais au tout début, c’est la planification du voyage, c’est-à-dire que rien ne s’improvise. Par rapport à l’heure bleue par exemple, il ne suffit pas de se dire « je me lève tôt pour photographier la belle lumière », c’est précisément à quelle heure pour être sur place et être prêt à la bonne heure parce que rien ne s’improvise. D’où l’intérêt de bien prévoir à l’avance.
Frédéric : Exactement. C’est le secret de la réussite en termes de photo de paysage.
Studio Jiminy : Master Class Photo
Régis : Frédéric, tout ce que tu viens d’aborder là, se trouve dans la formation de la photo de paysage que tu as faite avec Studio Jiminy. Avant d’en parler précisément, pour ceux qui ne savent pas ce qu’est que Studio Jiminy, est-ce que tu peux nous dire précisément ce que c’est, s’il te plait ?
Frédéric : Studio Jiminy, c’est une plateforme de formation à la photographie qui s’adresse à la fois aux débutants et aux photographes experts, qui permet de mettre l’auditeur en face ou même à côté du photographe que l’équipe de tournage suit sur le terrain.
Le terrain, ça peut être dans un studio. Pour ce qui est de Jean Turco qui est un grand maitre de la photographie de portraits et de la photographie de nus, qui a exposé au Grand Palais, qui vous explique dans son lieu à lui, sur son terrain à lui, comment faire des photos de portraits, comment gérer l’éclairage.
Vous avez Richard également qui fait des photographies de nuit dans un milieu urbain, il va dans les parkings. Vous avez Sophie Thouvenin qui fait des photos de macros très poétiques.
Vous avez de la photo de rues également. Et à peu près tous les mois ou tous les 2 mois vous avez une nouvelle master class qui est montée et qui permet d’apprendre à se servir d’un appareil photo. C’est de plus en plus facile de s’en servir je crois, avec les automatiques. Du coup la valeur ajoutée maintenant ou ce qui va différencier un photographe d’un autre, c’est la capacité à avoir un œil ou un style.
La volonté de Studio Jiminy, c’est de proposer à l’auditeur de partager la vision plus ou moins artistique, plus ou moins poétique d’un photographe, de voir comment il construit ses images. Chaque photographe a ses propres techniques. Il y en a qui anticipe beaucoup sur la préparation, ce qui est mon cas. Vous avez la photographie de rues où il n’y a pas de préparation puisqu’on va sur les lieux puis on prend ce qui se passe, il y a beaucoup d’improvisations.
Chacun a une façon différente de travailler. Certains photographes sont plus ou moins dans l’anticipation, d’autres passent plus ou moins de temps en post traitement. Ça montre qu’il n’y a pas qu’une seule façon de faire de la photo, qu’il y a plein de styles différents. L’idée c’est d’essayer de montrer à l’auditeur comment tout ça se passe et quels sont les univers des photographes avec une vraie identité.
Régis : Je sais que tu ne vas pas forcément être d’accord avec ce que je vais dire mais pourtant c’est la vérité. Master class, ça veut dire littéralement en français la classe des maitres. C’est vrai que le parti pris de Studio Jiminy, c’est ça, c’est de faire appel à des maitres dans leur domaine.
Je disais que tu n’allais pas être d’accord parce que je sais à l’avance que tu ne vas pas te considérer comme un maitre, et pourtant tu es une référence dans ton domaine. Je trouve que les 2 points qui font la forme de Studio Jiminy, c’est de faire appel à des maitres dans leur domaine et c’est également de faire des cours vidéo, des cours filmés qui sont très esthétiques.
Le cours en lui-même est agréable à regarder, au-delà du contenu qui est forcément super intéressant évidemment, la forme est également très léchée, c’est un vrai plaisir. Toi, tu as créé le contenu de la photo de paysage. Comment on fait pour aller voir ce qui se passe dans le cours de la photo de paysage que tu as fait ?
Frédéric : Il suffit d’aller sur studio-jiminy.fr, vous aurez toutes les instructions. Il y a une partie du contenu qui est accessible à tous. Parce que comme tu le disais il y a beaucoup de soin apporté à la fabrication de ces cours, il y a un contenu payant qui, somme toute, est assez raisonnable compte-tenu de ce qu’on observe sur le marché.
Vous aurez accès à toute la préparation, pour ceux qui préparent, ce qui est mon cas. C’est sûr que pour ce qui est de la photo de rues, il y a moins de préparation.
Vous avez en général des cours qui sont en 3 parties : il y a la préparation, il y a la photographie sur le terrain, donc vous êtes à côté du photographe qui vous explique ce qu’il est en train de faire, en l’occurrence pour moi j’avais un micro cravate et à chaque fois que je prends une décision, à chaque fois que je fais un réglage, j’explique concrètement ce que je suis en train de faire et les raisons qui m’ont fait choisir tel type de réglage ou tel type de cadrage ou de positionnement.
Je fais part de mes doutes sur l’opportunité d’une éclaircie. C’est extrêmement riche. La dernière partie, c’est la partie post traitement qui est plus ou moins riche, plus ou moins longue, en fonction des différents photographes et en fonction de l’investissement qu’ils mettent dans cette étape de la production d’une image.
Ce qui est intéressant aussi, c’est que chacun a ses façons d’utiliser soit Photoshop soit Lightroom. Ce qui est mon cas, ce qui est aussi le cas de Jean Turco on n’est pas des bêtes de postproduction. Je crois que moi comme lui avons mission de réussir des photos sur le terrain. Même aujourd’hui je pense que le travail de photographe reste encore essentiellement fait avec l’appareil photo et sur le terrain, qu’il n’y a pas besoin d’être un informaticien pour réussir ses photos aujourd’hui.
Ça c’est vraiment un des messages que j’observe. Je voudrais vraiment démystifier toute la partie technique de la photo qui peut être rebutante mais en fait c’est tout à fait abordable. Si on suit les quelques conseils qu’on donne à la fois sur le terrain et dans les étapes de post traitement, je pense qu’on donne aux auditeurs, aux clients toutes les billes pour faire eux-mêmes de très belles photos.
Régis : Exactement. Je te rejoins, c’est tout à fait ça. Le fondateur de Studio Jiminy, Ylan de Raspide, m’a gentiment donné accès à la formation pour que je puisse voir exactement de quoi il en retournait. Ce que tu dis là, je rejoins tous tes bons arguments. C’est exactement ça, c’est une vraie bonne formation qui permet de faire ses armes sur des domaines qu’on ne maitrise pas forcément, même qu’on maitrise et on a envie d’aller plus loin.
Frédéric : Chaque master class c’est à peu près entre 3 et 4 heures de vidéo entre les différentes séquences. Pour la photo de paysage, c’est une des master class qui a été le plus travaillée parce qu’il y avait vraiment la possibilité et l’ambition de faire un vrai reportage, un vrai scénario.
On me voit me lever le matin, on me voit limite prendre mon petit-déj, me diriger dans la ville en pleine nuit vers les falaises d’Etretat. Il y a une narration avec une belle musique originale derrière. Pour la master class, il y a eu 40 heures de rush qui ont été réduites en 3 ou 4 heures de vidéo.
Ce qui donne une idée ne serait-ce que de l’investissement mais peut-être in fine de la qualité. Je le trouve très bien et je suis un des premiers fans du travail qui a été réalisé. C’est un travail super qualitatif.
Régis : C’est vrai que le rendu visuel est vraiment superbe. Le côté scénarisé apporte une sacrée plus-value. J’encourage ceux qui nous écoutent à aller voir. Il suffit de taper sur Google Studio Jiminy et on arrive très rapidement sur la page d’accueil, de voir tout ce qui est proposé, c’est très riche et c’est très intéressant.
On va revenir, Frédéric si tu veux bien, à ton actualité. Dans les mois qui viennent, qu’est-ce que tu as prévu de faire par rapport à une expo photo par exemple ou une sortie d’un livre ? Est-ce que tu as quelque chose de prévu te concernant ?
Frédéric : J’ai quelque chose de prévu que je prépare depuis au moins 10 ans, peut-être même 15 ans. C’est un livre de photo de paysage du Nord. Tu as mentionné mon site tout à l’heure. Le titre c’est Paysages du Nord, c’est vraiment mon projet.
Je me laisse encore peut-être 2-3 ans pour faire le tour des pays du Nord et compléter avec différentes saisons ou des thèmes que je n’aurais pas encore réussi à avoir. A plus court terme, le magazine Le monde de la photo va sortir un article sur Studio Jiminy et sur ma pratique de la photo, donc 2 interviews croisées de 6 pages. J’ai vu le pdf, ça va être assez joli.
Peut-être également dans le même journal, un numéro spécial de 160 pages sur la photo de paysage. Ça c’est pour plus tard, c’est en discussion. Pas mal de choses. Également un voyage. Je suis tombé sur une photo de Dark Hedges, c’est une route qui est entourée de hêtres, des arbres qui ont 300 ans qui sont absolument magnifiques, qui est en Irlande du Nord. Quand j’ai vu cette photo, je me suis dit « il faut que je l’ai celle-là ».
Régis : Le pouvoir de l’image, c’est fort. Une photo te fait très envie d’aller à un endroit à tel point que tu y vas, tu finis par y aller.
Frédéric : Je vais construire mon projet, comme je le disais au tout début de l’interview. Je vais construire ce projet-là autour d’une photo. Je sais qu’il y a plein d’autres choses à voir en Irlande du Nord, la Chaussée des géants notamment, il y a quelques châteaux qui sont en bord de falaise assez en ruine et qui sont très évocateurs. Voilà pour un projet à plus court terme.
Régis : Ton discours est absolument cohérent. C’est-à-dire que tu parles de préparation pour une photo qui peut prendre plusieurs heures, même plusieurs semaines parce qu’il faut tout prévoir à l’avance. Tu pousses le vice entre guillemets jusqu’à préparer ton livre photo sur plusieurs années, même des dizaines d’années. Il faut vraiment que l’auditeur prenne conscience de ça, à savoir que prendre son temps de préparer les choses est absolument primordial si on veut arriver à faire des photographies qui sortent de l’ordinaire.
Frédéric je te remercie beaucoup pour ce long temps, c’est une des plus longues interviews que j’ai pu faire sur le blog, et je n’ai pas vu le temps passer. C’était vraiment formidable. J’espère que les auditeurs auront appris autant de choses que moi j’ai pu apprendre grâce à toi.
Frédéric : J’étais très content et j’espère que ça servira. Je serai très heureux de voir, peut-être dans les commentaires, les photos qu’auront réalisées les auditeurs grâce à mes conseils.
Régis : C’est une bonne idée. J’invite ceux qui nous écoutent à retourner sur le site auxoisnature.com, à aller sur la page de ton interview et de poster des photographies. Ce sera un vrai échange. Ça sera avec plaisir que je pourrai commenter, et toi si tu veux bien Frédéric également, les photos postées par les auditeurs. Merci Beaucoup Frédéric.
Frédéric : Merci Régis.
Bravo Regis. Excellente interview qui malgré ses 1:30 s’ecoute sans problème. On en redemande.
Merci de m’avoir fait découvrir ce photographe qui décrit un domaine que j’adore. On va même dire que c’est mon domaine de prédilection. Et je le rejoins sur de nombreux points. Tant sur les heures de shooting, la préparation, le matos…
Un gros merci !
Edit :
Comme je disais, j’ai changé mon système porte filtres Cokin pour le sytème Nisi et des filtres Lee et Nisi :
– Système porte filtres Nisi V5 pro
– ND 6 Soft Grad (Lee)
– ND 6 Hard Grad (Lee)
– ND 9 Soft Grad (Lee)
– ND 6 Soft Grad (Nisi)
– ND 1000 (Nisi) (-10 stop) pour les poses longues en pleine journée
J’ai essayé tout ça en Irlande du Nord. Quelques retours d’expérience :
– Le système Nisi : une merveille. Je confirme l’absence totale de vignetage à 16mm, ce qui change la vie. Il est par ailleurs très pratique à utiliser car sa petite molette permet de faire tourner le polarisant sans remonter le filtre dégradé. La construction est de très haute qualité.
– Le polarisant Nisi inclus dans le système est bien plus neutre que celui de Cokin que j’utilisais (dominante bleue)
– Les filtres Lee sont d’avantage neutres que les filtres Cokin même si l’on constate une légère dominante bleue
– Je n’ai pas utilisé le ND 6 Soft Grad de Nisi car j’avais peur de l’abîmer (en verre et traitement fragile) et parce que les conditions étaient très difficiles (vent, pluie, embruns)
– Le ND 1000 de Nisi est très utile en pleine journée mais quand la lumière baisse il donne des expositions trop longues. Un ND 8 ou 16 (-3 et 4 stop) peut s’avérer utile d’autant qu’ils sont beaucoup plus pratiques à utiliser : il est en effet possible de cadrer avec le filtre en place. Impossible avec le ND 1000 car un fois posé, le viseur devient tout noir
– Le traitement du ND 1000 est remarquable : en plus de l’absence de dominante de couleur, il est (ou à l’air d’être) anti-statique et hydrofuge (les gouttes d’eau glissent et ne laissent pas de traces).
Voilà pour ce retour technique : bientôt les photos !
Frédéric
Super intéressant!
Merci pour ce bel interview!
J’ai dévoré chaque ligne que j’ai lu.
Je compte bien m’acquérir d’un filtre polarisant très bientôt.
C’est quand même dispendieux mais ça en vaut vraiment la peine.
Mon filtre neutre est un B+W et je vais probablement continuer avec cette marque.
Ma question est : »Devrait-on enlever le filtre neutre avant de mettre un autre filtre sur sa lentille?
Merci beaucoup!
Bonjour, Francine
Pour commencer , merci de tes encouragements, on aime bien en recevoir avec Régis.
Généralement le filtre que l’on visse sur son objectif, est un filtre UV, son rôle, est en priorité de protéger son objectif des coups, des rayures..
Il n’affecte en rien l’image.
On peut visser dessus un filtre polarisant.
J’ai un petit souci avec ce que tu dis avoir : un filtre neutre.
Un filtre neutre ou ND (neutral density) est un filtre « créatif ».
Il sert à réduire la lumière qui traverse l’objectif, sans changer la tonalité des couleurs.
Il est utile en paysage, permet de travailler à vitesse plus basse , est utile pour faire des poses longues, des filés…
Mais tout dépend aussi du degré de gris de votre filtre.
Le filtre gris se décline en différentes versions, plus ou moins foncées et laissant passer plus ou moins de lumière. Selon les indices, il absorbe plus ou moins de lumière. Voici un petit tableau pour vous y retrouver :
Nom du filtre Gain diaphragmes ou F-stops Densité optique Coefficient
ND2 1 0,3 2
ND4 2 0,6 4
ND8 3 0,9 8
ND16 4 1,2 16
ND400 9 2,7 512
ND1000 10 3,0 1024
Dans ce cas, il faut le retirer, car la perte de lumière risque d’être trop forte.
Superbe interview !! J’aimerais connaitre le modèle de son filtre polarisant car Frédéric dit le laisser en permanence ! Merci
Bonjour Alice,
J’ai 2 filtres :
– un filtre de marque Hoya que je visse sur les objectifs . C’est un très bon rapport qualité/prix.
– un filtre de marque Cokin que j’insère dans mon porte-filtres, également un Cokin. J’en suis relativement satisfait même s’il provoque du vignetage en dessous de 17mm. C’est d’ailleurs essentiellement avec mon objectif 16-35mm que j’utilise le porte-filtres.
Je viens de changer de système porte-filtres et j’ai opté pour NISI avec le polarisant intégré au système. Aucun vignetage même à 16mm ! Je l’essaie bientôt en Irlande du Nord…
Voilà !
Frédéric
Merci beaucoup pour ces infos ! j’ai déjà quelques filtres et un porte filtre Lee mais je me posais la question de l’utilité d’un polarisant. Je vais peut-être franchir le pas !
Alice
Superbe interview ! Je voudrais juste savoir quel filtre polarisant utilise t-il pour le laisser en permanence ? Merci !
Bonjour Alice,
Le porte filtre inclus le polarisant, en tout cas sur les systèmes Cokin et Nisi. Sur système Lee, il faut le rajouter devant le filtre dégradé ce qui n’est pas très pratique.
Quand je n’utilise pas le porte filtre, j’ai un filtre vissant pour le 24-105mm et un autre pour le 100-400mm. De marque Hoya.
Voilà,
Frédéric
Bravo pour ce document qui vaut la peine et merci du partage.
Accro du HDR pourrais tu nous faire un topo sur ce mode de post traitement avec photomatix qui s »apparente avec LR
mERCI
Bonjour Yann
je n’utilise pas assez le HDR pour en faire un article fouillé. J’utilise le logiciel Aurora HDR 2017, il est plutot pas mal !
Merci pour tes infos très utiles. Je les lis toujours avec beaucoup d’intérêt et de plaisir. J’essaye à chaque fois de les mettre en pratique.
Merci pour cette chouette interview, instructive et intéressante.
Les quelques photos en début d’article donnent une bonne idée du talent de Frédéric.
Je considère également que le filtre polarisant est un objet obligatoire pour le photographe de paysage, mais attention à ne pas trop forcer sur la polarisation. Et puis en haute altitude il n’est pas absolument nécessaire. J’ai pu m’en rendre compte lors d’un trek au Pérou où, par plus de 4000 mètres d’altitude, le ciel est déjà si bleu et pur que le polarisant est peu utile, voire contre-productif (le risque d’avoir des ciels très/trop sombre est fortement accentué). Des photos (et un carnet de voyage) sont visibles sur mon site.
Stéphane