Les postures du photographe : le parent pauvre des manuels
Je n’ai jamais vu dans aucun mode d’emploi d’appareil photo un paragraphe, même en tout petit à la fin vers les mentions légales, qui montre les postures à adopter pour bien photographier. Incroyable non ?! Dès lors qu’on achète un appareil, c’est pour l’avoir avec soi souvent, très souvent. Alors autant connaître très vite les bonnes manières de le tenir et surtout d’adopter la bonne attitude. Je vous assure, rien sur les positions du photographe. Rien sur la manière de tenir l’appareil. Rien sur les conséquences d’une mauvaise tenue (entendre position, pas vestimentaire, quoiqu’en animalier, faut aussi se méfier des vêtements !). Rien sur, à l’inverse, les avantages d’être correctement positionné. Bref, ne comptez pas sur le mode d’emploi de l’APN pour vous apprendre tout ça (de toute manière personne ne les lit jamais, donc, on s’en fiche !)
J’ai dans ma bibliothèque un certain nombre de livres pour apprendre la photo animalière : Photographier la nature dans tous ses milieux de Gilles Martin, Photographier les animaux Guide pratique de Erwan Balança, La photographie en forêt de Philippe Moës, Photographier la nature en numérique de Louis-Marie Préau. Et c’est pas tout ! Un rayon entier des magazines Images et Nature et Nat’Images complétés par 2 ou 3 hors séries. Dans toute cette littérature spécialisée en photo animalière, il n’y a que trop rarement un paragraphe sur ce sujet essentiel qu’est la tenue de l’appareil. Quelques phrases par çi par là noyées dans une explication sur un sujet particulier de la photo.
Je n’accable pas du tout les auteurs-photographes de ces ouvrages, qui par ailleurs, on le sait tous, nous aident beaucoup ! Mais j’ai l’impression que pour les photographes pro la tenue « physique » du couple reflex-objectif est tellement évidente qu’ils oublient d’en parler. C’est bête non ?
Et puis c’est dommage aussi car la première chose à faire pour réduire le flou de bougé du photographe : c’est sa position. Avant même d’ouvrir au maximum l’ouverture et de monter la sensibilité. Et n’allez surtout pas croire que c’est parce que vous avez un objectif stabilisé que vous pouvez vous affranchir de ça ! Surtout pas !
Souvenez-vous, pour le permis de conduire : « placez vos mains à 10h10 » (certains disent à 9h15 mais mois je préfère 10h10 et vous ?). Peut-être la première chose que dit le moniteur à la première leçon. Rien de tel pour le permis photo ! Réglage de l’ouverture, de la vitesse, des ISO, … important bien sur mais juste après la position des mains et surtout du corps !
Donc, après cette bien belle introduction, voici 4 positions que vous, photographe animalier, devez adopter de toute urgence pour faire des photos plus nettes (car c’est de ça qu’il s’agit à la fin).
La base de la base
C’est tellement la base que vous le savez déjà n’est-ce pas ? 🙂 Pas mal de vidéos sur You Tube traitent de ça. M’enfin, c’est pas parce que les autres l’on fait que je ne dois pas vous le dire ! 🙂
La seule et unique chose que vous devrez toujours avoir en tête au moment de la prise de vue, c’est de faire le maximum pour ne faire qu’un avec l’appareil. Un peu cul-cul comme expression, j’admets, mais y pas plus vrai. C’est d’ailleurs ce qui est souvent reproché aux petits compacts (sic) : c’est que la manière dont on les prends les mets loin de notre corps. Loin de la stabilité offertes par nos pieds, notre tronc, notre front, nos coudes. Avec le reflex, c’est tout l’inverse. Comme mon prof de tennis disait (oui, j’ai fait du tennis, classé 30-1 même !), « considérez la raquette comme le prolongement de la main, du bras, du corps !« . Alors moi, je vous dis, « considérez le reflex comme le prolongement des mains, du front, de la poitrine, des genoux« . Euh … pas tout en même temps bien sur ! Sinon vous allez vous péter les articulations. 🙂
Position 1 : rentrer ses coudes
C’est ce qu’au moins tout manuel photo devrait expliquer : bien placer ces coudes. Dès que vous le pouvez (ben …parce que des fois on peut pas !), vos pointes de coudes doivent pointer vers votre nombril ! Sympa comme image non ? Evidement, les photographes ayant des petits soucis de représentation corporelle peuvent se mettre torse nu pour mieux comprendre la chose 🙂
De la sorte, avec les coudes ainsi serrés, vous gagnerez énormément en stabilité. Ce truc de rien du tout fera gagner au moins une vitesse !
Position 2 : écartez les jambes
Faites le test suivant. Allez-y, levez-vous. Essayez des deux positions différentes :
- la première avec les pieds écartés, l’un avant de l’autre, les genoux légèrement fléchis et le bassin un peu en avant. Voyez si vous vous sentez stable ou pas.
- la deuxième avec les pieds serrés, les jambes raides et tendues comme des piquets, le corps droit comme un I. Voyez si vous vous sentez stable ou pas.
Ok. Dites-moi, franchement hein, sans se mentir, laquelle des deux offre le plus de stabilité ? Si le test n’est pas concluant alors demandez à quelqu’un (que vous connaissez c’est mieux 😉 ) de se placer derrière vous, et de vous pousser (pas trop fort) par surprise. Normalement, la position 1 vous saura sauvé la mise en restant bien campé sur vos appuis, tandis qu’avec la 2 il y a des chances que vous ayez embrassé la baie vitrée devant vous !
Je résume, en station debout :
- vous serrez les coudes
- vous agrippez fermement le reflex
- vous le collez contre votre front
- vous écartez les jambes
- vous placez un pied en avant par rapport à l’autre
- vous avancez un peu le bassin
- vous expirez à fond
- vous déclenchez !
Si vous avez bien pris le temps de faire ces étapes, le lapin de garenne qui était en face de vous est parti depuis le point 3. 🙂 Alors pour éviter ça (le lapin qui part avant le déclenchement) un conseil, comme toujours, faites vos gammes à vide !!! Je veux dire, tout seul, chez vous, dans la cuisine. Prenez le reflex, le 70-300 mm qui va bien et hop, en-trai-nez-vous !! Prenez en photo les bananes par exemple, ça va très bien 🙂
Position 3 : Accroupi
Celui qui prend toutes ces photos d’animaux debout doit repasser par la case départ revoir les Bases en photo animalière (sans prendre les 20 000 $). On ne le répètera jamais assez, mais shooter un animal du haut de son mètre quatre-vingt donne un point vue pas chouette du tout. La plongée en animalier, sauf effet de style voulu, est à proscrire.
La solution ? Simple, faut se mettre à hauteur d’animal. Pour ça, deux façons. La première et la deuxième ! 🙂
Commençons par être accroupi. L’objectif de cette position est double. Je l’ai dit à l’instant, se mettre à hauteur de la bête. Mais sans sacrifier à la sacro-sainte stabilité du photographe. Car grâce à un jeu de jambe à faire pâlir Federer (j’aime bien le tennis vous avez remarqué ?) vous allez vous faire un trépied de jambe ! Il s’agit de faire reposer le coude gauche sur le genoux gauche. Dans le même temps, votre jambe droite est posée sous vos fesses. Je vous assure, c’est top.
Et si moi j’y arrive, tout le monde peut le faire !
Position 4 : Couché
Le photographe animalier pense facilement à se mettre débout (évidemment) et aussi accroupi. Par contre, allongé, j’admets qu’on y pense moins souvent. Ou que, quand on a l’idée, on ne le fait pas. Par flegme « pffff, faudra que je me relève après !« , par coquetterie « mince, je vais tout crotter mon bel ensemble ». Et pourtant ! Si vous saviez ce que la position allongée apporte à vos photos ! Et pas que chez les macroteurs. Pour tous les photographes. Ce point de vue au raz du sol donne une vision du monde tout à fait différente. Essayez vite.
Pour autant, se coucher sur le sol nécessite de connaitre une astuce qui vous fera gagner en confort et en stabilité : placer un accessoire sous l’appareil. Ça peut-être votre main, mieux, votre poing. Mais le top, c’est le « bean bag » (c’est bien ça, le sac haricot). Cet outil est bien connu des photographes animaliers et est très utile dans de nombreuses situations, dont la position couchée.
Salut Régis, salut à tous,
Merci pour ces bons rappels. J’ajouterai deux évidences, pour bien enfoncer le clou en allant dans ton sens.
1- Bien tenir en main son boitier et quand on n’a pas de trépied, la main qui prend l’objectif, le soutien par en-dessous.
2- Toujours quand on n’a pas de trépied, c’est parfois bien utile de prendre appui, par exemple un coude contre un arbre ou un poteau, ou encore le dos appuyé contre un mur ou carrément les deux coudes sur un muret. Bref à adapter selon les circonstances, mais l’idée c’est que dès lors qu’une partie du corps dispose d’un point fixe, cela aide tout le corps à être fixe, enfin un peu plus 🙂
Effectivement la position couché est vraiment une obligation pour les photographes de nature !
Merci pour les rappels, ça a toujours du bon de voir comment les autres font pour voir si notre technique serait pas meilleure ou pire ^^
je crois que j’ai vu dans mon mode d’emploi une explication sur la tenue de l’appareil! Moi la plus grosse interrogation que j’ai c’est concernant la tenue de l’appareil photo en mode portrait : j’ai pu voir que beaucoup lève le coude droit alors que moi je fais l’inverse je mets mon coude droit contre mon ventre, la position me paraît plus stable et fait moins bizarre… Et toi? ^^
salut Pierre,
ben moi je lève le coude droit et je cale le coude gauche sur mon ventre. Je suis plus à l’aise avec cette position, elle m’est plus naturelle. Mais c’est une question d’habitude ! Tiens par exemple je vise avec l’oeil gauche et je me rends compte que j’ai souvent l’oeil droit ouvert ! 🙂
Salut Pierre,
Après avoir lu ton commentaire, j’ai pris l’appareil et j’ai constaté que pour me mettre en portrait, mon premier mouvement a été de lever le coude droit. Du coup, la main droite passe au dessus du boitier, le poignet étant « cassé ». Mais je constate qu’en faisant l’inverse, la main droite en dessous de l’appareil, le poignet reste à peu près dans l’axe de l’avant bras et le coude peut-être plaqué au corps. Pendant ce temps, la main gauche qui soutien l’objectif reste libre de tourner autour de celui-ci, sans torsion du poignet et le coude gauche peut aussi être plaqué au corps. Je n’avais jamais prêter attention à cela
[…] 4 postures de photographe animalier à connaître. […]
Juste une remarque sur la vidéo a 1mm20 tu annonces la position 2 et l’encart affiche position 3.
Sinon c’est toujours bien intéressant.
Merci à toi
Salut Kok,
oui, je sais, je m’en suis rendu-compte une fois la vidéo mise en ligne et j’avoue ne pas avoir eu le courage de recommencer le processus d’export ! La flegme quoi 😉
Daniel,
La position du tireur allongé, dans un autre domaine … ça soulage un peu, effectivement. En prenant de l’âge, c’est une position que l’on n’aime plus trop, juste si ça en vaut vraiment la peine. Pour le super cliché.
Bonjour Régis et merci pour ces quelques règles oh combien importantes. Quand je suis en position allongée (très très rarement…), ramener le genou droit vers la taille rend un peu moins pénible la position.
Ah oui exact !!! je le fais des fois aussi quasi de manière instinctive. Merci de l’avoir dit Daniel 🙂
Merci pour ce vidéo et cet article, Régis. J’utilise un petit banc pliable pour être à la hauteur des animaux et me stabiliser avec ma respiration. Ce petit banc me sert beaucoup aussi pour attendre la venue de ceux-ci dans les sous-bois ou autres. Très utile cet article en marge du cours.
Bonsoir
Effectivement dans les notices ACTUELLES il n’y a plus d’explication pour bien tenir son appareil
Dans un temps que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître il y eut dans le notice du Nikon F « comment tenir son appareil » c’était sommaire mais ça avait le mérite d’exister!!
Pour le présent votre video est très bien faite et illustrée en souplesse Bravo, continuez
:=))
Je suis content que vous me trouviez souple !! 🙂 Et encore, j’étais pas à fond ^_^
Merci pour la piqûre de rappel; il est vrai que bien se stabiliser augmente les chances d’éviter le flou de bouger. Ayant des problèmes de cervicales, j’évite la position allongée, ou j’essaie de ne pas rester trop longtemps dans cette position. Pour la respiration, je préfère inspirer, et bloquer; dans le doute, je rafale, ça augmente la possibilité d’obtenir une photo nette.
Chacun de nous a ses petites astuces, mais, respecter les règles de base est une bonne habitude.
Je crois que de toute façon la position couchée est inconfortable pour tous ! J’avais un affût couché que j’avais fabriqué et ça me permettait de pouvoir me dégourdir, un peu, les muscles mais dans tous les cas cette position est pénible.
C’est tout à fait la même position que celle des tireurs de compétition, technique que j’emploie pour le tir.
Pour le bassin, en position debout, on avance légèrement et on bloque le bassin en le tournant vers le droite (pour droitier). Pour la respiration, on n’est pas obligé de bloquer, mais on respire avec le ventre.
Merci Philippe pour l’astuce du « verrouillage » du bassin avec le mouvement sur le coté. C’est par de petites astuces comme ça qu’on avance 🙂
Bien résumé!
Il faudrait peut-être insister sur bien expirer et arrêter de respirer. Surtout en macro à main levée… Et ne pas lésiner sur l’entraînement car acquérir la technique (de respiration) qui convient et marche à coup sûr n’est pas si aisé.
Salut Aurore,
l’entrainement est effectivement nécessaire, ne serait-ce que pour acquérir des habitudes à transposer ensuite en vrai. Ca n’est pas une fois sur le terraun en situation critique que l’on aura la bonne position si on ne le fait jamais à vide.
Comme dirait ma mère : Rien ne résiste à l’entrainement !!
De bons rappels rarement illustrés dans les livres en effet. Je n’utilise pour ma part pas la bascule sur le bassin mais j’essaye au contraire de rester souple autour de mon centre de gravité. Les 3/4 du shoot se font sur la respiration et une technique de descente vers l’objectif visé en expulsant l’air. Je ne vide pas non plus complètement ma respiration avant de bloquer pour déclencher afin de garder un peu d’air dans les poumons. Techniques de tireur au pistolet en compétition…
Salut Aymeric,
avant même la fin de ton commentaire, je me doutais que tu étais calé sur le sujet. Il faut de toute manière expérimenter pour trouver la technique qui permettra de trouver le bon équilibre entre confort et stabilité.
très bonne vidéos, au combien importante. ça semble si basique mais quand on regarde la plupart des photographes qui ont un reflex et qui ne le tiennent pas suffisamment stable. c’est bien dommage.
deja le fait de regarder dans le viseur et pas sur l’écran aide pas mal a avoir une position plus stable je trouve.
comme toi je shoote dans ces 3 positions plus ou moins, sauf que pour accroupi je ne m’assied pas sur mon pied mais pose le genou gauche a terre et le coude droit sur le genou droit. c’est une position qui m’est venue naturellement.
Salut Ary
je viens d’essayer … pourquoi pas 🙂 Chacun doit utiliser la posture qui lui convient le mieux.