Disclaimer : Vous vous apprêtez à lire un article écrit par le photographe Denis Coeur. C’est donc lui qui s’exprime. Retrouvez son travail sur son site internet : www.deniscoeurphotographe62.com
Nous sommes beaucoup de photographes en France. Mais la plupart d’entre nous n’a pas un matériel dernier cri.
Ni le dernier boîtier expert à 3000€, ni les meilleures optiques à grande ouverture au prix d’une voiture.
Cependant, avec notre matériel d’entrée et de moyenne gamme, nous pouvons largement nous faire plaisir. Avoir ce sentiment de bien faire les choses avec ce que nous avons.
Nous sommes également beaucoup à vouloir explorer des zones géographiques assez éloignées de notre domicile.
Avec cet article, je vais vous emmener dans la nature locale.
Celle qui se trouve à notre porte ou à quelques kilomètres de chez nous.
Je veux vous faire redécouvrir ces plaisirs simples qui valent mille fois un grand voyage. Je veux vous montrer qu’apprécier prendre en photo des choses simples peut nous remplir de bonheur.
Je tiens à remercier Régis de me donner l’opportunité de réaliser cet article sur son blog.
1/ Le matériel
Peu de personnes ont la chance de posséder des optiques à plus de 2000€.
Nous sommes pour la plupart équipés d’objectifs qui ouvrent au maximum à f5,6 voir f6,3.
C’est ce que l’on appelle une ouverture et c’est elle qui va faire en sorte d’apporter de la lumière ou pas sur notre photo et de provoquer un joli flou d’arrière-plan ou augmenter la zone de netteté.
Elle fait partie des éléments du triangle d’exposition.
Associée à la vitesse et aux Iso, notre photo sera bien exposée (à notre convenance) et nous permettra de créer de belles images.
Cet ensemble va nous permettre de créer du mouvement, de le figer, d’apporter du flou ou au contraire de produire beaucoup de netteté.
Pour cet article, je me limiterai aux optiques allant du 18 mm au 300mm.
Oui pour la simple et bonne raison, qu’au-delà, le prix sera conséquent malgré de faibles ouvertures. Je pense notamment au 150-600mm f/6.3, qui coûte tout de même plus de 1000€.
Côté boîtiers, entre l’entrée de gamme et la moyenne gamme, sont parfaits pour commencer à se faire plaisir. Nous avons dorénavant des boîtiers performants.
Il y en a beaucoup qui offrent entre 18 et 24 mégapixels. Ce qui est suffisant et incroyable pour obtenir une belle qualité d’image.
Lorsque j’ai commencé, j’étais équipé du Canon 600D, placé sur le haut de l’entrée de gamme (à l’époque, il y a 10 ans). Il avait 18 MP et s’en sortait pas si mal. Vous comprenez maintenant que nous sommes (en tout cas que nous avons été) au même niveau.
J’étais dans la même situation au point de vue matériel.
Bien sûr si vous possédez un boîtier expert et des objectifs lumineux… C’est très bien aussi…hein…pas de souci sur ce point !
Mais les optiques de base peuvent vraiment vous donner de bons résultats. Et je vous encourage vivement à ne pas vous … décourager !
Vous allez voir que vous allez progresser et que vous serez fier de vos images.
Ah oui, un dernier petit conseil pour le matos : lorsque vous trouverez que vous êtes limité dans votre travail… Pensez d’abord à changer vos optiques avant le boîtier.
Vous verrez, vous serez très étonné des résultats.
2/ Redécouvrir la nature locale
Comme je l’ai dit plus haut, une grande majorité d’entre nous a besoin de liberté, d’espaces …
Et bien souvent pour trouver ce que l’on veut, on ne va pas se limiter dans ses déplacements.
Je veux vous inciter, vous encourager à redécouvrir ce que vous avez derrière chez vous. Je veux que vous ouvriez les yeux pour voir cette nature qui s’offre à vous.
Et elle est juste à vos pieds.
Par ces mots je ne vous dis pas de ne pas voyager, de ne pas faire beaucoup de km pour trouver ce que vous cherchez.
Je désire simplement vous proposer autre chose…
Vous montrer que l’on peut voyager en restant proche de chez soi.
Dans les différents espaces où je vais vous emmener, il y aura plusieurs actions à mettre en place :
– Regarder/Observer
– Écouter
– Toucher
– Prendre son temps
Ma liste d’endroits :
Le premier endroit, auquel je pense, est le jardin. Notre jardin. Ce n’est pas loin et ça grouille de merveilles.
Les haies, les plantes, les arbres sont non seulement des éléments qui donnent beaucoup de positivité et de calme, mais c’est aussi un endroit ou la vie est partout.
Entre les fleurs et les insectes et les oiseaux, vous aurez beaucoup de choix.
Peut-être que certains d’entre vous auront plus de plaisir que d’autres avec la venue de quelques mammifères.
Mais le jardin c’est aussi le potager.
Vous allez voir que toute une microfaune se bouscule en son sein. Non seulement vous allez vous faire plaisir à récolter vos légumes… Mais vous allez aussi vous faire plaisir à prendre de superbes images.
Si vous n’avez pas de jardin, alors vous pouvez vous tourner vers les jardins publics de votre ville. Ils sont simples d’accès, parfois il suffit de s’y rendre à pied.
Ils sont constitués pour la plupart de bois, donc de parties fermées grâce à des arbres, buissons, haies.
Mais ils possèdent également des zones ouvertes, telles des prairies ou des espaces fleuris.
Nous retrouvons les mêmes avantages que nos propres jardins. Regardons bien autour de nous, prenons le temps de nous ralentir. La faune et la flore y sont présentes à profusion.
Sachons regarder et nous émerveiller aussi bien d’une coccinelle que d’un écureuil. Du vent dans les feuilles … ou simplement d’un arbre. S’assoir sur un banc pour se ressourcer de la nature.
Les zones humides
Mais ces parcs peuvent aussi accueillir des pièces d’eau. Lieu d’une autre vie avec des espèces différentes. Encore une bonne excuse de s’y promener.
En général un maillage se forme entre tous les habitants de ces lieux et nous offre un écosystème à part entière dans nos villes.
Les autres lieux :
Enfin nous avons 3 lieux différents qui nous plongeront dans la nature plus lointaine, mais toujours locale.
J’ai nommé la campagne , la forêt (ou bois) et les zones humides.
Il y a près de chez vous l’un de ces 3 domaines.
La campagne est pour moi un milieu ouvert avec des champs, des prairies, des bocages et des haies.
Je me souviens lorsque j’habitais chez mes parents, la campagne environnante était toute proche. Il me suffisait de partir à pied, de marcher moins de 10 minutes et j’étais dans les champs.
C’est là que j’ai fait mes premières armes dans l’observation de la nature. Juste regarder ce qui se passait autour de moi. C’est ce que l’on devrait tous faire pour commencer.
Les campagnes sont riches en biodiversité.
Entre les insectes, les oiseaux et les mammifères nous avons pas mal de choix. Nous avons aussi toute une végétation bien particulière formée par les cultures agricoles.
Souvent nous pouvons observer des lapins, des lièvres, des faisans. Des animaux courants, mais qui sont très intéressants à regarder. Le simple fait de voir un faisan ou une perdrix, nous permet de nous rapprocher de la nature.
Je suis actuellement dans la même situation. Les champs sont à 5 minutes de chez moi. C’est une aubaine qu’il ne faut pas laisser de côté.
Pour d’autres, se seront forêts ou bois qui seront proches de chez eux.
Depuis toujours les arbres et plus généralement la végétation ont une action positive sur nous. Lorsque nous entrons dans une forêt, il se passe des choses, des émotions nous viennent.
Nous nous trouvons très rapidement dans un état d’apaisement, de relaxation. Le vert des feuilles accentue d’autant plus toutes ces émotions.
Ici nous avons des possibilités de contempler de manière différente la nature. La dimension de ce lieu sauvage est divisée en strates.
En levant les yeux, une nouvelle richesse s’ouvre à nous. Restons encore une fois dans les choses simples.
Observons simplement la vie qui s’y trouve.
Partons du sol
Le tapis de feuilles mortes, qui se décompose en humus riche pour la macrofaune. Les petites plantes y ont élu domicile et s’y développent de façons diverses.
Parfois quand la canopée est couvrante, rien ne pousse ou presque. Parfois les rayons du soleil pénètrent suffisamment pour créer une végétalisation des sols. Deux environnements particuliers mais très inspirants.
Montons un peu
Nous allons découvrir quelques arbustes, les troncs et les branches. Ici c’est le domaine des oiseaux principalement.
Petits passereaux, comme les mésanges, pinsons, troglodytes, merles… Commence ici l’écoute des chants. Essayer de reconnaître à qui appartient ces phrases mélodieuses.
Nous allons pouvoir également toucher les troncs, feuilles, branches.
Fermez les yeux, prenez quelques minutes pour sentir les structures des écorces. Une formidable sensation de bien-être va vous envahir.
Enfin les étages supérieurs.
La canopée … royaume du vent et des plus grands oiseaux.
Enfin les zones humides nous donnent la possibilité d’apprécier une toute autre nature. Elles se déclinent sous différentes formes. Etangs, marais, lacs, rivières, fleuves, canaux, mares, marécages, mais aussi bords de mer.
Nous voici donc dans des cas de figure très différents les uns des autres. Une faune et une flore différentes suivant les lieux et les régions. Roselières, nénuphars, peupliers, saules têtards, canards, grèbes, hérons, mouettes ou Grands cormorans…
Grenouilles, libellules, poissons. Toujours des animaux faciles à apercevoir. Connaître des choses simples, permet de mieux les apprécier et par-là même les protéger.
Ma liste d’endroits est non exhaustive, mais représente les principaux lieux de nature que nous pouvons trouver à moins de 15km de chez nous. Alors profitons-en pour nous dépayser et partir faire des images.
3/ L’approche photographique
Maintenant que nous avons défini les différentes possibilités d’immersions dans la nature, nous allons pouvoir sortir nos appareils photo.
Une grande richesse d’éléments simples à photographier nous ouvre les bras.
La première chose à connaître est bien sûr de savoir exposer une image. Pour cela le (fameux) triangle d’exposition sera du plus grand secours.
Petit rappel : triangle d’exposition = vitesse/ouverture/iso
Comme son nom l’indique la vitesse va permettre de figer ou provoquer du mouvement dans l’image.
Plus la vitesse sera élevée plus nous réussirons à obtenir de détails sur le sujet.
Plus nous utiliserons une vitesse basse, plus nous créerons du mouvement sur le sujet.
Attention, plus nous utiliserons une vitesse basse plus nous laisserons entrer de la lumière. Au contraire plus la vitesse sera élevée moins la lumière pénétrera jusqu’au capteur.
Pour l’ouverture, nous allons intervenir également sur la quantité de lumière qui entre dans l’appareil photo et sur la profondeur de champ (zone de netteté).
– Plus les chiffres seront grands (f/14, f/16, f/22) plus le diaphragme sera fermé, plus nous aurons une grande zone de netteté et moins de lumière entrera.
– Plus les chiffres seront petits (f/6.3, f/5.6, f/4) plus la zone de netteté sera petite et plus nous aurons de lumière.
Enfin les Iso sont utiles pour accentuer luminosité grâce à une meilleur sensibilité du capteur. Vous pouvez les mettre en automatique. Choisissez juste une plage pour ne pas aller trop haut.
Une montée en Iso trop importante augmente une détérioration de la qualité des images (bruit numérique).
Ce petit rappel étant fait, nous pouvons sortir appareil en main. Photographier des sujets courants est à l’origine d’une double idée :
– Se faire plaisir
– Développer son travail photographique : Nous allons pouvoir nous essayer à différents domaines et choisir 1 ou 2 sujets pour les photographier sous tous les angles.
Si vous n’avez aucune idée des sujets qui peuvent vous intéresser, commencer avec ce que vous aurez découvert lors de vos premières balades. Que ce soit des arbres, des plantes, des insectes, des oiseaux, des mammifères ou des paysages, faites le plein d’images et voyez ce qui vous donne de l’inspiration. Prenez les feuilles, les petites plantes au sol, les fleurs de votre jardin.
Avec le printemps, toute une foule de petits insectes fourmille, peu importe les endroits où vous vous trouvez.
Prenez en photo ce que vous trouvez.
Au fur et à mesure de vos pérégrinations, des sujets vont devenirs plus évidents.
Utilisez vos modes priorité à l’ouverture ou à la vitesse pour vous essayer à créer de l’image.
Mettez du mouvement sur vos sujets ou sur l’image entière. Au contraire, figez l’action ou le moment pour dévoiler les détails d’un élément. Par exemple obtenir beaucoup de détails dans le plumage d’un oiseau qui s’envole.
Produisez du flou d’arrière-plan et/ou d’avant-plan pour mettre en valeur votre sujet. On peut citer ici le portrait d’un cheval, d’un chien. Mettre en valeur une fleur unique parmi tout un groupe.
Ou au contraire augmenter la profondeur de champ pour accentuer la netteté.
Peut-être jusqu’à l’ensemble de la photographie.
Mettre en valeur une scène de vie, comme un animal dans son environnement, peut offrir de magnifiques images.
Mon souhait…
J’aimerais vraiment que vous vous penchiez sur les choses les plus simples que vous rencontrez dans vos balades quotidiennes en nature.
J’aimerais que vous vous posiez la question de comment faire pour les mettre en valeur.
J’aimerais qu’avec votre matériel, aussi simple soit-il, vous réfléchissiez à vos réglages pour sublimer vos sujets.
Retrouvez de la gratitude envers ce qui nous entoure.
Retrouvez l’amour des choses simples, va vous permettre d’évoluer et de vous faire grandir.
Je ne vous dis pas que cela va être simple, que vous allez y arriver du premier coup…
Mais je vous assure qu’avec un peu de travail, vous allez découvrir de merveilleuses émotions.
Pour continuer avec Denis Coeur
Mes e-mails privés sont disponibles ici : cliquez ici
Vous pouvez me retrouver sur Instagram : www.instagram.com/bullednature/
Youtube : www.facebook.com/DenisCReflex62
article très pertinent, rappelant quelque part que la beauté est partout, même là où l’on est tous les jours.
Excellent article je vais souvent dans les bois sur tous celui de vincennes que regorge oiseaux et de faune différente et varier je vais mettre en pratique certain chose que je viens de lire merci a vous
Superbe article, c’est simple et limpide. Et çà me donne direct envie de sortir, reflex à la main….mais bon là il fait nuit. J’adhère totalement et depuis le départ à ton approche philosophique de la nature et de la photo.
A moins de 10 km de chez moi, il a le parc du peuple de l’herbe. Un endroit superbe, mêlant zone humide, prairie et autres bosquets. Beaucoup d’oiseaux, de passereaux surtout. Des sternes pierregarin viennent y nicher, et de nombreux passereaux y font un passage, une halte migratoire, plus ou moins longue.
J’ai beaucoup observé, envie à présent de passer à l’étape suivante : affut photo.
Merci encore Régis. Ne change rien.
Excellent article. Je ne puis qu’en attester la pertinence à travers mon expérience photographique réellement débutée en 2014 et exercée quotidiennement depuis sur une île minuscule de 26 hectares (une rue, quinze habitants permanents) que je ne quitte pratiquement jamais. Et pourtant, j’y découvre tous les jours de nouvelles possibilités photographiques à exploiter. Mais bien sûr, il faut varier les approches, lire beaucoup pour en découvrir. Pour les objectifs, je suis parfaitement d’accord, c’est à ce niveau qu’il vaut mieux investir en priorité. Cela m’a fait découvrir l’intérêt des objectifs vintage (petits prix, grande variété, des effets étonnants qui découlent ironiquement de certains défauts de fabrication)…Bonne photo à tous !
Merci beaucoup Jean pour ton passage ici et surtout ton super commentaire. Avec Denis, on apprécie !