Comment préparer la nouvelle saison macro ?

Disclaimer : Vous vous apprêtez à lire un article écrit par le photographe Lohan Bueno-Ravel du site ProxyMacroPhoto.fr

C’est donc lui qui s’exprime ici.

Les jours s’allongent, les températures remontent… La nature s’éveille doucement, et avec elle, les premiers sujets macro font leur apparition. Encore quelques semaines et la saison macro battra son plein.

Mais êtes-vous prêt ?

Un photographe, c’est comme un sportif avant une compétition : s’il veut donner le meilleur de lui-même, il ne se contente pas d’attendre le coup d’envoi. Il analyse ses performances passées, ajuste son équipement, peaufine sa technique et se fixe des objectifs clairs.

Plutôt que de ressortir votre matériel à la dernière minute, vous pourriez commencer dès maintenant à prévoir les beaux jours.
Entre trier ses photos, faire le point sur son matériel ou progresser sur une technique, les choses à faire avant de débuter la saison ne manquent pas.

Je vais vous partager comment je prépare la saison de la macro de manière efficace afin d’être au top dès que le soleil et les insectes pointent le bout de leurs antennes !

Faire le bilan de la saison passée

Avant de foncer tête baissée dans la nouvelle saison, faites le point sur l’année dernière. En plus d’être un boost de motivation, cela vous permettra d’éviter de reproduire les mêmes erreurs.

Trier ses photos

Si comme moi vous préférez l’étape prise de vue à celle post-traitement, vous avez sûrement un dossier bien trop gros de photo « à trier ».
C’est le cas ?
Alors occupez-vous-en maintenant. C’est votre priorité. Sinon, vous allez vous retrouver submerger.

C’est exactement ce qui m’est arrivé il y a deux ans : j’ai passé mon temps à repousser le tri et le post-traitement de mes photos pour favoriser la prise de vue. Une fois l’hiver arrivé, je m’y suis mis à contrecœur, au rythme de 50 photos… sur tout l’hiver. Sachant qu’il y en avait au moins 20 fois plus.
J’ai donc commencé la saison suivante avec cette corvée dans le coin de ma tête. J’en ai perdu le plaisir de photographier. Et j’ai failli laisser tomber la macro.

Suite à cet épisode, je me suis créé une routine pour trier mes photos tous les mois, en quelques heures j’ai traité celles qui m’intéressent et archivé les autres. Finit la longue liste d’attente démoralisante.

Donc triez vos photos, surtout que c’est nécessaire pour le point suivant :

Finir le post-traitement (ou revenir dessus)

L’avantage de post-traitement, c’est que vous pouvez rester bien au chaud devant votre ordinateur pour le faire.

Si vous n’avez pas traité toutes les photos sélectionnées de la saison précédente, vous connaissez le discours : faites-le rapidement.

Maintenant que tout est bien trié et traité, c’est l’heure de la re-traite.

Votre re-traite consiste à reprendre vos photos préférées de la saison dernière et de les repasser dans votre logiciel de post-traitement. Quand on traite ses photos juste après la prise de vue, on a pas forcément le recul nécessaire pour faire le meilleur choix, que ce soit dans la sélection ou dans le traitement.

Par exemple, cette photo de papillon qui s’envole, vous l’avez gardée car c’est la première fois que vous réussissiez à avoir le papillon net. Pourtant, avec le recul, vous voyez désormais l’antenne coupée et cette herbe qui divise l’aile en deux. Par rapport à vos autres photos, elle n’est pas ouf : direction les archives.

Ou cette coccinelle dont vous avez poussé la saturation pour faire ressortir le rouge sur le vert… à présent fluo. Il faudrait peut-être baisser la saturation (ou faire un masque sur la coccinelle pour faire ressortir uniquement le rouge, sans toucher le vert). En quelques clics, votre photo est encore mieux. Merci la re-traite.

Replonger dans ses archives (pour le meilleur et surtout le pire)

Avant de commencer une nouvelle saison macro, c’est toujours instructif de revivre les précédentes.

L’objectif est double : trouver des ambiances qui vous plaisent pour les reproduire, mais aussi analyser vos plus beaux loupés.

Honneur au pire. l’intérêt de revoir ses photos dignes de la poubelle est de comprendre quels sont les points à travailler qui amélioreront le plus vos photos.

En effet, ça ne sert à rien de s’acharner sur la composition si vous avez seulement une photo sur quatre de nette !

Voici mon ordre de priorité :

1. La netteté de vos photos
2. L’exposition
3. Les éléments qui perturbent la lecture (comme les brindilles qui coupent le sujet)
4. La composition
5. La gestion de l’avant et de l’arrière-plan
6. Votre touche personnelle

Mais ce travail est beaucoup plus simple si vos photos sont triées (et oui, on en revient toujours là).

La partie plus motivante est quand est venu le moment de s’intéresser à vos photos réussites.
L’idée est d’identifier ce qui vous plaît dans vos photos, pour pouvoir l’intégrer dans vos prochaines. Ça peut être une certaine composition, une ambiance, une couleur dominante, le sujet…

Pour ses deux exercices, je vous conseille vivement de les faire avec de quoi noter ! Vous pourrez ainsi relire vos remarques durant la saison pour savoir sur quoi vous concentrer.
D’ailleurs, vous pouvez vous faire un petit carnet de terrain dédié à la macro qui vous servira entre autres à noter vos connaissances !

Faire du ménage dans son matériel

C’est l’heure du grand ménage de printemps en avant première !
Profitez de la trêve hivernale pour faire un vrai point sur votre matériel : y a-t-il des objectifs ou des accessoires que vous n’utilisez plus ? Si oui, vendez-les !
Ça vous fera de la place, un peu d’argent et vous ferez un heureux (en plus de faire un geste simple pour la planète) !

Dans le même temps, listez ce qui pourrait vous manquer (notamment en vous appuyant sur les photos des années précédentes, encore le tri^^). Le but n’est pas de tout acheter, au contraire. Cette liste doit être réellement adaptée à vos besoins : ce n’est pas le dernier hybride qui répondra à vos besoins. Je parle plutôt d’accessoires comme des trépieds, des lampes ou des modeleurs.

Concernant le reste de votre matériel, faites un contrôle technique :

• Un grand nettoyage des objectifs pour enlever toutes les petites traces
• Un nettoyage du capteur s’il y a des taches
• Un formatage de vos cartes SD depuis le boîtier
• Un nettoyage des connectiques (entre le boîtier et l’objectif)

Parfaire ses connaissances

La macrophotographie ne se limite pas à appuyer sur le déclencheur. Il faut maîtriser les différents réglages, connaître son sujet et trouver le bon spot pour obtenir une bonne image avec le moins de raté possible.

Et le meilleur moment pour approfondir ses connaissances, c’est maintenant. Avant que la saison ne démarre, profitez de ce temps pour affiner votre technique, en apprendre plus sur la faune et la flore que vous photographiez et repérer de nouveaux terrains de jeu.

Les compétences photos

Un matin de printemps, après des semaines d’attente, Paul prend enfin son matériel et part en forêt. La veille, il a repéré un coin prometteur : une clairière où s’épanouissent de petites fleurs sauvages, parfaites pour la macro. Il s’installe, fait la mise au point… et déclenche.

Mais en regardant l’écran, la déception est immédiate : ses photos sont floues. Il change d’angle, refait ses réglages, essaie encore… Rien à faire. Peut-être un problème de stabilisation ? Peut-être qu’il tremble trop ? Il rentre frustré, sans la moindre image exploitable.

Quelques jours plus tard, nouvelle tentative. Cette fois, il s’attaque aux insectes. Un papillon se pose devant lui, ailes grandes ouvertes. Il cadre rapidement, déclenche… mais son sujet est déjà reparti. Toutes ses photos sont floues ou mal cadrées. Trop lent. Encore une sortie gâchée.

Au lieu de s’obstiner, Paul décide de changer d’approche. Il passe la soirée à regarder des vidéos, lire des articles. Il découvre que son problème de netteté vient de sa vitesse d’obturation trop basse et que pour les insectes, l’heure de la sortie est essentielle.

Quelques semaines plus tard, lorsqu’il repart sur le terrain, il sait exactement quoi faire. Ses réglages sont prêts, ses gestes plus fluides. Et cette fois, il rentre avec des images nettes et réussies.

Moralité ? Autant prendre les devants et apprendre la théorie dès maintenant. Profitez des journées pluvieuses pour revoir les bases, tester des réglages chez vous et éviter de perdre du temps une fois sur le terrain.

Parmi les compétences photos, il y a trois domaines sur lesquels vous pouvez agir :

• Les bases : la mise au point, l’exposition, les compositions classiques…
• Les techniques : l’éclairage artificiel, le focus-stacking, la gestion du bokeh…
• Post-traitement

Formez-vous maintenant dans un domaine pour mettre en application dès la première sortie (voir depuis chez vous).
Et pour choisir quelles compétences développer, vous pouvez vous référer au bilan de la saison précédente !

Les connaissances naturalistes

En macrophotographie, connaître son sujet est tout aussi important que de maîtriser son appareil. Savoir où et quand trouver une espèce, comprendre son comportement ou identifier les plantes qui l’attirent est essentiel pour réussir ses photos.

Imaginez : vous cherchez des mantes religieuses en lisière de forêt alors qu’elles affectionnent plutôt les hautes herbes sèches.

Pour réaliser un reportage, il faut connaître son sujet. C’est valable en macro : vous pouvez tomber par hasard sur une empuse et faire une photo correcte, mais pour avoir une exposition complète autour, vous devez savoir quel est son mode de vie, ses heures d’activités, son habitat, ses habitudes alimentaires…

Pour vous renseigner, les différents guides Delachaux et Niestlé sont une bonne base.

Vous pouvez également vous inscrire à la newsletter Natur’Hebdo dans laquelle je vous présente un sujet par semaine, avec des conseils pour le photographier.

En prenant le temps d’en apprendre plus sur les espèces que vous voulez photographier, vous augmentez vos chances de faire de belles rencontres et, surtout, d’obtenir des images bien plus intéressantes.

Faire du repérage

Une autre façon de réduire drastiquement votre quantité de sortie loupée est de faire du repérage.

Identifiez à l’avance vos futurs spots afin de prédire quels types de photos vous pouvez espérer y faire et si le déplacement vaut le coup.

Vous pouvez même faire un premier repérage depuis chez vous, avec deux outils : Google Earth (l’application Google Earth pro, qui est gratuite) et Google Maps.
Utilisez Google Maps en version plan et Google Earth pour repérer les zones d’intérêt proche de chez vous (forêts, parcs, friches, cours d’eau…) puis visitez-les grâce au mode Street View et aux photos des autres utilisateurs. Vous pourrez avoir un premier aperçu du type d’environnement et donc de photo faisable.

Sur Google Earth, il est possible de mettre en surbriance les « parcs et zones de loisirs », ce qui peut vous aider à localiser des idées de spots, comme ici, la forêt de Verrières en région parisienne. L’avantage de cet outil c’est que dans la majorité des cas, il ne propose pas les terrains privés comme « parcs et zones de loisirs », ce qui évite de rater une sortie !

Vous pouvez ensuite cliquer sur « En savoir plus avec google maps » afin d’avoir accès aux photos prises par d’autres personnes.

Se fixer un objectif

Le repérage est particulièrement intéressant si vous avez un objectif pour votre saison macro.

Je ne parle pas d’un objectif en nombre de photo ou de sortie, mais plutôt une ligne directrice, comme un projet photo ou de se spécialiser sur une espèce ou un environnement.

Essayer un projet photo

Pourquoi pas essayer un projet photo pour la nouvelle saison ?

Un projet photo, ça consiste à créer un ensemble de photo cohérent, pour une exposition ou un livre par exemple.

Vous pouvez vous appuyer sur une ambiance (comme du contre-jour ou des photos de nuit) pour apporter une cohérence à votre série.
Réfléchissez à ce que vous voulez montrer, aux contraintes que vous vous fixez, à un nombre de photo… Et c’est l’occasion de sortir de votre zone de confort ! Si vous faites de la couleur, testez le noir et blanc. Focalisez-vous sur la flore si vous photographiez principalement des insectes.

Se spécialiser sur une espèce

Vous le savez déjà : il faut connaître une espèce pour bien la photographier.

C’est pour ça qu’une partie des photographes se spécialisent sur une espèce (ou un groupe) après un certain temps. Ils acquièrent ainsi une connaissance pointue du mode de vie de leur sujet de prédilection ce qui leur permet d’obtenir des photos incroyables.

Si une espèce vous intrigue ou vous passionne particulièrement, documentez vous et organisez vos sorties autour de ce sujet (sans pour autant s’interdire de photographier les autres). Vous verrez qu’au bout de quelques sorties, vous réussirez à obtenir de meilleures photos.

Se spécialiser sur un environnement

Plutôt que de courir après tous les insectes et plantes que vous croisez, pourquoi ne pas concentrer votre attention sur un environnement précis ?

Forêt, prairie,mare, parc, jardin… Chaque milieu a son écosystème, ses ambiances lumineuses et ses sujets. En vous focalisant sur un environnement particulier, vous apprenez à mieux l’observer, à comprendre son fonctionnement et à anticiper les moments propices pour la photo.

Prenons l’exemple d’une mare :

• Le matin, les libellules encore engourdies par la fraîcheur sont plus faciles à approcher.
• À midi, la lumière dure crée des reflets intéressants sur l’eau.
• En fin de journée, les contre-jours offrent des ambiances féériques.

En choisissant un environnement et en y retournant régulièrement, vous développez une relation avec lui. Vous repérez les zones les plus intéressantes, vous apprenez à anticiper les apparitions d’insectes ou de fleurs, et vous obtenez des images bien plus travaillées qu’en multipliant les spots sans vraiment les connaître.

Et puis, c’est aussi une belle façon de redécouvrir un lieu proche de chez vous et d’y voir des détails que vous n’auriez jamais remarqués autrement.

Se cultiver

Regarder le travail d’autres photographes, s’intéresser à différentes approches artistiques, assister à des expositions… Tout cela nourrit votre créativité et affine votre style. Parfois, une simple image peut déclencher un déclic, une nouvelle idée, ou même vous faire voir votre propre pratique sous un autre angle.

Découvrir le travail d’autres photographes

Que vous soyez amateur ou expert, il y a toujours à apprendre des autres. Et pas uniquement des photographes de nature ou de macro. Explorer d’autres genres comme la photographie de portrait, de paysage ou même de street photographie peut vous donner des idées innovantes pour appliquer à votre propre discipline.

Par exemple, comment un photographe de portrait utilise-t-il la lumière ? Quelles compositions un photographe de rue privilégie-t-il pour capter des moments spontanés ? Ces techniques peuvent enrichir vos propres photos de macro, en vous apportant une vision différente de la lumière, du cadre et de l’approche générale.

Suivre des photographes que vous admirez sur les réseaux sociaux, lire des livres spécialisés, ou encore regarder des interviews peut vous apporter une grande richesse d’informations. Prenez l’habitude de vous inspirer des œuvres de ceux qui ont marqué leur époque ou des talents émergents. Cela vous permettra de faire évoluer votre propre vision et de trouver de nouvelles pistes à explorer.

Aller voir des festivals et expositions

Les festivals de photographie et les expositions sont des lieux parfaits pour se cultiver et élargir ses horizons. Ils vous permettent de découvrir des œuvres en grand format, de voir des séries complètes qui racontent une histoire, et d’entrer en contact avec d’autres passionnés.

Visiter ces événements est aussi l’occasion d’échanger avec d’autres photographes ou d’assister à des conférences en lien avec la macrophotographie, de quoi vous donner des idées pour la nouvelle saison.

Prendre le temps de se préparer pour mieux avancer

La nouvelle saison macro approche, et c’est le moment idéal pour mettre en place les bases solides qui feront de vous un photographe plus accompli. En prenant le temps de faire un bilan de la saison précédente, de réorganiser votre matériel, de parfaire vos connaissances et de vous cultiver, vous vous préparez à aborder la saison avec un regard neuf et une meilleure maîtrise de votre pratique.

Si vous avez des astuces ou des conseils à partager pour bien se préparer à la nouvelle saison macro, n’hésitez pas à les laisser en commentaire ! J’adorerais connaître vos pratiques et vos expériences.