boiteaphoto

Réalisation de Laurent Vaissade de jogg.com

Cet article est rédigé dans le cadre de la 7ème édition de la Boite à Photos, réunion de près de 20 blogs francophones traitant de photographie en tous genres.

Pour cette édition, c'est Greg de Bon Plan Photo qui organise cette édition.

Le thème choisi est Le portait. 

Portraits photos et parcs animaliers ?

J’avais déjà écris un article sur comment réussir un portrait animalier, il a bien fallu que je me creuse la tête (au sens figuré bien sur, parce que sinon depuis le temps que je me la creuse 🙂 ) pour coller au sujet de la boite à photo sans redire la même chose. J’ai donc sauté sur l’occasion en abordant, pour la première fois sur le blog, la photographie dans les parcs animaliers. Le rapport avec le portrait ? C’est limpide : dans les zoos, les meilleures photos que vous ferez seront des portraits ou des plans serrés.

Vous allez apprendre comment, dans ces endroits, obtenir des photos naturelles. Comment avoir le caractère sauvage d’un animal certes exotique, mais surtout captif. Quelle  contradiction !

N’allez pas croire que je veuille vous apprendre à tromper votre public en l’abusant sur le lieu de prise de vue. Pas de ça ici ! Transparence, transparence. Une photo prise dans un zoo doit être annoncée comme telle, tout comme une photo fortement retouchée d’ailleurs. On a le droit, mais faut le dire. Le but est simplement de vous donner les bons outils pour gommer des éléments gênants dès la prise de vue. Faire comme si on n’y était alors qu’en fait on n’y était pas (dans la vraie nature sauvage lointaine).

De la photographie animalière en zoos

On pourra en parler dans les commentaires, mais quoi que vous pensiez des parcs animaliers, c’est un fait, ils permettent de s’affranchir des énormes contraintes pour photographier des animaux exotiques. Il se peut, et ça n’est pas mal rassurez-vous, que vous ayez envie d’un peu « d’ailleurs » … tout près de la maison ! Ca m’arrive moi aussi de désirer photographier autre chose que les renards, lapins, buses, blaireaux et passereaux communs. Je les aime mes animaux de ma campagne, y a pas, mais le changement, ça revigore !

Donc, si vous n’avez pas d’aversion notoire envers les zoos, je vais vous donner quelque conseils pour optimiser une sortie dans un parc animalier. Ah, au fait, j’utiliserai ces termes sans aucune distinction, les deux n’ayant aucune différences sur le plan de la loi (je ne suis pas plus expert que vous … j’ai cliqué sur internet 😉 )

Les éléments gênants à exclure

Petite liste, je pense exhaustive parce que j’ai bien bossé ;-), des choses indésirables dans un zoo :

  • le public : n’allez par râler contre lui, vous en êtes vous aussi !
  • les grilles et grillages : ça c’est vraiment moche, on s’en passerait bien. D’ailleurs, c’est peut-être ce qui distingue des parcs animaliers meilleurs que d’autres. Certains ont aménagé les enclos de telle sorte que l’aspect « prison » soit effacé, la suppression des grilles y participe

 

girafe zoo palmyre

Des grillages et du public sur l’arrière plan … à éviter à tout prix !

  • les Plexiglas et les vitres : moins disgracieux que les grillages, mais tout aussi dérangeants. Les reflets peuvent « tuer » une photo.
  • les éléments du décor artificiels : cabanons, mangeoires, abreuvoirs, tas de pailles, lieux de passages répétés, jeux, … Tout ça n’existe pas dans la vraie vie sauvage.
singe gibbon zoo palmyre

Gibbon dans une belle attitude mais parasitée par une cabane joli mais pas naturelle

  • les comportements parasites des animaux : comme tout le monde, j’ai visité des zoos. Gamin, c’est chouette, on est tout excité de voir ces grosses peluches tout prêt. Adultes, c’est parfois moins drôle. Je suis à jamais marqué par l’attitude d’un gorille mâle au zoo de la Palmyre. On aurait placé un être humain à sa place qu’il aurait eu la même attitude. C’est la seule fois où j’ai trouvé qu’un animal avait conscience de sa captivité. Tellement dérangeant que je me suis interdit de prendre une photo.

Voilà, tout ce qui est ci-dessus doit être impérativement gommé, supprimé, radié, enlevé, ôté, retiré, retranché (vous sentez la puissance de la langue française ? 🙂 )

Des portraits naturels dans un parc animalier

Vous savez ce que nous ne devez pas avoir sur vos photos. Bon, la moitié du chemin est faite, reste l’autre moitié.

Résoudre le problème du public, de l’affluence.

Un parc animalier est avant tout un lieu touristique. Les périodes et les heures d’affluences répondent donc à cette logique. Oubliez week-ends et vacances scolaires, privilégiez les jours de semaine. Oubliez juin, c’est le mois des scolaires, et en plus des petits, ça braille et ça pleurniche. Oubliez juillet et aout, fallait vous le dire ? ;-). Avril, mai et septembre sont à mon avis à prioriser.

Et pourquoi pas s’y rendre en plein hiver, avec chutes de neige et tout et tout ! Le manteau blanc transforme les enclos et les rendra parfois plus conforme au réel environnement des animaux … à condition évidemment de choisir les bonnes espèces ! Le tigre de Sibérie oui, la girafe non 🙂

Le moment idéal selon moi : un lundi matin à l’ouverture fin septembre : je sens que vous serez pépère !

Résoudre le problème des grillages.

Le plus simple, c’est de placer l’objectif à travers la grille de l’enclos entre les mailles du grillage, si c’est possible. Je sais, le diamètre de la lentille ou la distance de sécurité pourront vous en empêcher.

Dans ce cas, il faut rentrer un peu dans la technique ! La profondeur de champ est votre alliée (souvent, mais là encore plus) pour « effacer » le dessin inesthétique du grillage : rapprochez l’appareil très près de la clôture, choisissez la plus longue focale associée à une grande ouverture et faites la mise au point sur l’animal.

Idéalement celui-ci devra être placé assez loin de vous pour gommer réellement le grillage.

loup parc gévaudan

Avec une grosse ouverture et une longue focale, les mailles du grillage sont estompées.

Résoudre le problème des vitres et Plexiglas

L’ennemi n°1 du photographe en présence de vitres est le reflet. On peut le contourner avec ces astuces :

  • mettez-vous à hauteur d’animal, si vous lisez ce blog, c’est maintenant dans vos gênes :-).
  • Collez votre objectif à plat contre la vitre, de sorte que vous soyez bien calé contre (non, ne craignez pas les rayures ! Vous avez toujours votre pare-soleil n’est-ce pas ?)
  • Souvent (toujours ?), les enclos vitrés sont à l’intérieur, la luminosité étant de fait insuffisante. Avec un flash cobra, orientez sa tête vers le haut pour éclairer la scène indirectement.
  • Faites la mise au point sur les yeux, assurez-vous qu’ils ne soient pas dans l’ombre, et attendez que l’animal oriente son regard vers vous ou dans le sens souhaité de votre composition : l’oeil doit aller vers l’espace ouvert de l’image, et ne pas « buter » contre le bord du cadre.
crocodile zoo palmyre

Enclos protégé par une vitre. Les reflets sont peu présents … mais le piqué est limite.

Résoudre les problèmes liés aux éléments du décor artificiels

Première chose, prenez votre temps ! Repérez justement les éléments gênants, identifiez-les et trouvez le meilleur positionnement pour qu’ils n’apparaissent pas dans le cadre : déplacez-vous, zoomez, placez-vous en hauteur, à ras de terre.

Je répète, vous avez le temps, alors multipliez les essais, expérimentez les points de vue.

singe gibbon zoo palmyre

Le même gibbon que précédemment mais pris sous un autre angle … on s’y croirait !

Résoudre le problème du comportement

Vous avez le temps. Oui, je l’ai écrit au chapitre précédent, mais croyez-vous que j’ai le choix ? Dans un portrait animalier pris au zoo, vous ne pourrez guère vous démarquer sur la lumière, les heures d’ouverture et de fermeture vous empêcheront de profiter des « golden hours ».

Ca n’est pas non plus l’environnement qui rendra vos images « amazing ». Pour obtenir la prise de vue qui claque, qui attire le regard et mérite qu’on s’y attarde, tout repose sur l’attitude et l’expression de l’animal. On y revient, comme à chaque fois en photo animalière, l’attente est la clé de la réussite :

  • attendre que le suricate fasse le guet,
  • que le panda mange son bambou assis,
  • que le lion baille,
  • que le rhinocéros marche pile en face de vous, …

Vous me voyez venir non ? On en vient à la connaissance, même minime, des espèces rencontrées. Chaque animal possède un attitude typique qui le caractérise … encore faut-il la connaitre ! Une petite recherche sur le net et déjà le travail est dégrossi.

loup parc gévaudan

Les loups passent beaucoup de temps à dormir. Un comportement à mettre en valeur !

Le top, ce serait de pouvoir venir sur 2 jours : le premier sans appareil, carnet de notes à la main, pour seulement repérer, observer et discuter (vous verrez plus loin avec qui … non, ce n’est pas le perroquet 🙂 ) et apprendre la routine de l’animal afin d’identifier les photos potentielles.

La seconde journée, avec le reflex, prendre les clichés imaginés grâce aux apports de la première journée.

Astuces pour des portraits qui claquent

  • Parler aux soigneurs. Il n’y a rien de plus efficace que de discuter avec le personnel du parc pour mieux connaitre les espèces :
    • savoir leurs routines quotidiennes permettent d’exploiter le meilleur moment de la journée
    • tenez-vous informé des moments de repas et allez même plus loin en demandant carrément aux soigneurs de faire placer l’animal dans la meilleure position pour la photo
    • soyez sympa, si vous le pouvez, retournez sur le site en montrant vos plus belles images aux gardiens coopératifs. Au passage, c’est aussi une chose à faire au paysan du coin qui vous prête son pré pour installer votre affût.
loup canada parc gévaudan

Les yeux du loup dégagent beaucoup de mystère. Je voulais mettre ça en valeur.

  • Assurez-vous que vous avez le droit de prendre des photos ! Bon, ça normalement, c’est bon :-). Mais l’utilisation d’un trépied n’est peut-être pas admis, de même que le flash. Posez la question à l’accueil.
  • Comme tout bon photographe animalier, observez d’abord, photographiez ensuite ! En plus, là, vous êtes certain que l’animal de va pas s’enfuir au moment crucial, vous avez du temps, faut en profiter ! Evaluez bien la situation, notamment l’arrière plan avec de shooter.
  • Désolé pour les enfants mais … vous ne pourrez pas aller au zoo avec papa ou maman cette fois-ci. Vous m’avez compris : rendez-vous au parc seul, ne vous « encombrez » pas des contraintes familiales … pour cette fois-ci ! Vous l’aurez de toute manière anticiper au fil de votre lecture. Programmez une nouvelle visite avec toute la smala et soyez le guide.
  • Selon la formule consacrée, ça va sans dire mais ça va mieux en le disant, ne tapez pas sur les vitres et grillages pour attirer l’attention de l’animal. Il n’est pas dans une top attitude ? Tant pis ! Vous repasserez.
  • Lâchez-vous, tentez un maximum de choses ! Des fois, ça fonctionne et des fois non, mais ça, personne ne le sait 🙂
zèbre zoo palmyre

J’étais en hauteur, mal placé, il y avait du monde, j’ai alors décidé de tenté ce gros plan sur la robe de 2 zèbres. Pas mal non ? (ou plus petite ouverture m’aurait permis d’avoir une plus grande profondeur de champ et ainsi les deux pelages nets … petite erreur ! 🙂 )

loup gévaudan

Pour ne pas oublier que ces animaux sont en captivité.

Et vous, quelle technique utilisez-vous pour rendre naturels vos portraits d’animaux pris en parcs animaliers ?