Les tops sites internet professionnels de photographie sur le net français sont trop peu nombreux à mon goût. Ca n’est pas les blogs de passionnés qui manquent, je suis bien placé pour le savoir, j’en lit beaucoup moi même. Ce que je veux dire, c’est que les sites au contenu exhaustif, avec une grosse équipe de rédacteurs et de photographes, au design léché, et qui tourne à plus de 150 000 visiteurs par jour, ben y en a pas en France. Alors j’avoue me tourner vers les sites anglo-saxon pour accéder à des infos et du contenu riches, très riches.

C’est le cas du site Phototuts+ (il y en a d’autres, j’aime bien aussi Adorama Learning Center, chez qui j’avais découvert une super vidéo du photographe animalier anglais Will Burrard-Lucas). Pour Phototuts, c’est toute la photographie qui est abordée, je ne suis pas sectaire, et même si je pense que les photographes animaliers sont les meilleurs :-), les autres domaines m’intéressent aussi ! 🙂

Bref, je reçois quotidiennement la newsletter de Phototuts et s’il m’arrive, souvent, de passer mon chemin, je ne loupe pas une occasion de découvrir ce qu’on ne trouve pas ici, en France. Et ce début janvier 2013, mail de Phototuts pour me prévenir (pas que moi personnellement bien sur, des dizaines de milliers d’autres passionnés) d’une interview de Denis Palanque, biologiste et photographe professionnel dont j’aime beaucoup le travail. Je vous promets que c’est vrai, je n’avais pas encore commencer la lecture de l’article que je me suis dit en moi-même, celui-ci, il faut le partager avec les lecteurs du blog. Voyez, pas chien le Régis !

Ceci étant, même si mon niveau d’anglais pur jus scolaire me permet de comprendre les 3/4 d’un texte anglais, le traduire intégralement dépasse largement mes capacités. Google Trad ? Oui, à condition d’aimer le français qui ressemble à tout sauf du français. Alors je me suis tourné vers un traducteur professionnel, Antoine Heudre, découvert suite à sa traduction d’un e-book de Thomas Leuthard sur la photo de rue pour apprendre-la-photo de Laurent Breillat. J’ai donc contacté Antoine (qu’est-ce que c’est pratique les mails !) et 3 jours plus tard j’avais mon interview du photographe Denis Palanque sur mon ordi. Pas une faute, du style, du bon français, du sens, tout ce que les logiciels de traduction ne pourront jamais faire.

Interview du photographe nature Denis Palanque par Jose Antunes

Version originale de l’interview sur Phototuts+

Pour découvrir avant de lire l’interview le travail de Denis Palanque, rendez-vous sur deux sites :

Lauréat du prix du meilleur reportage des éditions internationales du magazine National Geographic en 2010, Denis Palanque est actuellement le conseiller spécial pour l’Europe du projet international Meet Your Neighbours (« Rencontrez vos voisins »). Lors d’une récente rencontre, nous avons posé quelques questions au photographe français.

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Portrait serré d’araignée sauteuse – Sitticus sp.

J’ai découvert Denis Palanque à travers le projet Meet Your Neighbours (MYN) dont j’ai récemment interviewé le co-fondateur Clay Bolt sur Phototuts+. Les premières photos de Denis Palanque que j’ai vues ont été prises avec le même fond blanc que celui utilisé dans le projet MYN, mais en cherchant, j’ai trouvé d’autres photos et d’autres perspectives qui m’ont tellement plu que j’ai continué à explorer son œuvre.

Denis Palanque s’est essayé à plusieurs procédés photographiques, y compris le recours à des fonds blancs, mais avec une autre approche que pour le projet MYN. J’ai eu beaucoup de plaisir à découvrir son travail. J’ai particulièrement apprécié la série intitulée “design by nature” qui m’a conduit à prendre contact avec le photographe pour cette interview. Mais sans plus attendre, entrons dans le vif du sujet.

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Araignée Diaea dorsata femelle

Q Qui est Denis Palanque et que fait-il ?

Je suis un photographe professionnel spécialisé dans photographie animalière ainsi que dans les domaines de la conservation, de l’environnement et de la science. Mais je suis également un défenseur de l’environnement engagé, doté d’une insatiable curiosité, ainsi qu’un grand admirateur de Art Wolfe, Frans Lanting et Jim Brandenburg. Ces trois-là constituent mes sources contemporaines d’inspiration, auxquels s’ajoutent Ansel Adams et Eliot Porter.

Je suis tout autant un artiste qu’un scientifique, quelqu’un de sensible et de rationnel à la fois ! Un mariage peu banal qui reflète pourtant bien l’esprit de mon travail.

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Bufo bufo

Q Vous avez étudié la biologie à l’université de Lyon mais finalement, vous êtes devenu photographe. Pourquoi avoir choisi cette voie et comment êtes-vous venu à la photographie ?

À vrai dire, quand j’étais tout petit, j’étais déjà un naturaliste en herbe et je passais mon temps à observer les insectes, les oiseaux et les mammifères. Ce qui est sûr, c’est que j’étais (et je continue d’être) impressionné par la diversité du monde animal et par l’ « ingéniosité » avec laquelle la nature pouvait créer autant de formes et s’adapter de manière tout à fait extraordinaire.

L’envie de devenir biologiste n’était que la continuation logique de mon insatiable curiosité et de ma soif de connaissances. Je dois admettre que je n’étais pas des plus brillants en classe mais j’étais totalement passionné et j’ai persévéré dans cette voie jusqu’à mon entrée à l’université de Lyon et jusqu’à l’obtention d’un Master en biologie des populations animales et des écosystèmes.

Ceci dit, je fais des photos depuis l’âge de 14 ans. À l’époque mon père m’avait donné mon premier reflex, un Minolta X300, qui fonctionne encore très bien ! En plus de cela, mon père, qui était un photographe complètement autodidacte, avait installé une chambre noire pour le N&B à la maison. Du coup, avant même de savoir me servir d’un reflex, je passais déjà mes après-midis et mes soirées à regarder les photos de mon père apparaître sur le papier photo plongé dans le révélateur. Pour l’enfant que j’étais, c’était quelque chose de magique. C’est donc mon père qui m’a appris les rudiments de la photographie, à partir de la photo N&B. Et ça n’a pas été facile !

La photographie est naturellement devenue un formidable instrument pour accompagner mes découvertes de naturaliste, d’autant que ce qui m’intéressait le plus, c’était de partager ces découvertes ! Mais avec les années, ce qui n’était au départ qu’une production de photos descriptives et naturalistes est peu à peu devenu une forme d’expression destinée à susciter des réactions et des sentiments.

Après avoir travaillé un certain temps dans le domaine de la recherche scientifique, j’ai décidé de privilégier quelque chose qui me correspondait plus. J’ai fait une formation professionnelle en photographie dans une école privée de la région. Puis j’ai commencé à apprendre des techniques de prise de vue en relation avec la science à travers divers stages et expériences professionnelles, en particulier à l’université. Grâce à cette double formation, mon travail me permet de rester en contact avec le monde de la science. Et j’ai la chance de profiter du meilleur des deux mondes que sont la science et les arts expressifs.

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Paysage

Q En 2010, vous avez remporté le prix du meilleur reportage des éditions internationales du magazine National Geographic, pour le reportage « La traque du chytride commence », avec des textes de Céline Lison et vos photographies. Le prix vous a été décerné lors d’une cérémonie à la National Geographic Society à Washington. Cette expérience a-t-elle été importante pour votre carrière ?

Oui, c’est certain ! Le National Geographic est un magazine vénéré par les photographes du monde entier. Les plus grands ont travaillé pour le NG et les meilleurs continuent de collaborer avec le magazine. Ce prix est bien entendu un grand honneur et constitue une véritable reconnaissance. Cette récompense a été d’autant plus importante pour moi qu’elle couronnait le premier reportage que j’aie proposé à un magazine. J’ai consacré trois ans sur le terrain à ce projet, et toutes mes économies ! Céline Lison, avec qui je collabore régulièrement, a réalisé un excellent travail journalistique pour ce reportage. Malheureusement, je n’ai pas pu assister à la cérémonie de remise du prix. Les résultats sont tenus secrets jusqu’au dernier moment, et même François Marot, le rédacteur en chef du National Geographic France, ne savait pas que l’édition française serait mise à l’honneur.

Finalement, ce prix m’a conforté dans la voie que j’ai choisie, donc oui, il représente une grande étape dans ma carrière.

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Macrophotographie

Q Votre travail photographique couvre plusieurs sujets, des paysages aux amphibiens en passant par les parcs et jardins, mais tous ont un rapport avec la nature. Vous définiriez-vous plutôt comme un photographe de nature ou comme un photographe au service de la défense de l’environnement ?

Je n’aime pas trop mettre des étiquettes sur mon travail. Je trouve cela un peu trop restrictif. J’espère être à la fois un photographe de nature capable de réaliser de très belles photos, riches en émotion tout en ayant une dimension artistique, et un photographe engagé dans la défense de l’environnement, capable de travailler sur des sujets sensibles et de créer des œuvres qui encourageront les gens à réagir et à poser des questions sur le sujet, sur eux-mêmes et sur leur compréhension du monde dans lequel ils vivent. Je reconnais que c’est un programme chargé et ambitieux ! Mais c’est le travail de toute en vie et, après tout, je ne suis pas pressé.

Q Est-ce que votre formation en biologie dicte ce que vous photographiez actuellement ?

Oui bien sûr. Ma formation en biologie influence ma façon de percevoir les choses et tout particulièrement le choix des mes sujets. Pour être plus précis, ma formation me permet de travailler plus vite et de manière plus efficace quand je réalise des reportages sur le travail de scientifiques. De la même façon, lorsque je prépare des sujets, ces connaissances scientifiques me sont très utiles car elles me permettent d’aller à l’essentiel, de savoir ce qu’il sera important d’illustrer. Avoir cette longueur d’avance est indéniablement un atout pour mes photos.

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A obstetricans sur fond gris

Q Le reportage « La traque du chytride commence » traite d’une maladie qui touche les amphibiens. Il nous montre des espèces qui sont sur le point de disparaître. Ce n’est pas sans lien avec le projet international Meet Your Neighbours, dont vous êtes le conseiller spécial pour l’Europe. Comment avez-vous intégré le projet MYN?

Si je me souviens bien, je connaissais les deux concepteurs du projet MYN, Niall Benvie et Clay Bolt, par l’intermédiaire du site web Images from the Edge dont j’étais un lecteur régulier. Niall et Clay écrivent tous les deux sur ce blog, le troisième contributeur, et photographe tout aussi talentueux, n’étant autre que Paul Harcourt Davies, également interviewé par Phototuts+ il y a quelque temps.

Je suis entré en contact avec eux pour parler de leurs photos et à travers nos échanges nous avons réalisé que nous étions d’accord sur l’urgence qu’il y a à éduquer le public concernant un grand nombres d’espèces de faune et de flore qui, tout en étant proches de nous, restent encore très largement méconnues.

Suite à nos conversations, ils m’ont demandé si cela m’intéresserait de participer au projet MYN et de devenir l’un des photographes de l’équipe. J’ai évidemment accepté leur proposition car il est important de soutenir des projets de cette ampleur, mais aussi parce que j’étais honoré d’être sollicité pour travailler avec des photographes de leur trempe.

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Libellule en vol

Q Les sujets naturels photographiés sur un fond blanc sont la marque de fabrique des photos du projet MYN, mais vous utilisiez déjà des fonds blancs avant. Depuis quand y avez-vous recours et pourquoi ?

La première fois que j’ai utilisé des fonds blancs, c’était lorsque j’ai commencé à développer mon travail sur les amphibiens. Je dois dire que j’ai été très impressionné par le rendu, l’esthétique et la puissance des photos de David Susan Middleton Liittschwager dans le cadre de leur travail sur l’inventaire des îles du Nord-Ouest d’Hawaï (on peut voir ces photos dans leur ouvrage Archipelago). De plus, pour obtenir l’effet que je recherchais, les fonds blancs semblaient idéaux.

Ce travail est né d’une réflexion simple et révélatrice à la fois. La plupart des gens autour de moi connaissait mieux la faune qui vit de l’autre côté de la planète que les petits animaux qui peuplent leurs jardins (une réflexion qui n’est pas sans évoquer un autre projet, de plus grande envergure, n’est-ce pas ?).

Même les gens peu familiers de la nature connaissent les dendrobates d’Amérique du Sud et leurs impressionnantes couleurs, mais personne n’a entendu parler du non moins extraordinaire triton à crête qui vit dans les mares de nos champs. Sans parler du fait que la photo d’une grenouille ou d’un crapaud a peu de chance d’attirer l’attention de quelqu’un, sauf si cette personne est déjà sensibilisée à la situation alarmante des populations d’amphibiens.

C’est en faisant ce constat que m’est venue l’idée de recourir à des fonds blancs pour faire disparaître le milieu de l’animal et mettre l’accent sur l’individu lui-même. J’ai testé mes premières réalisations en montrant le portrait d’un crapaud commun sur fond blanc aux membres de ma famille et leur réaction a été plus que convaincante. Le crapaud monopolisait leur attention comme aucune photo d’un amphibien dans son environnement ne l’aurait fait. C’est ainsi que j’ai pu publier mon premier reportage dans l’édition française du National Geographic !

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Paysage

Q Est-ce que la technique utilisée pour les photos du projet MYN diffère de la méthode que vous utilisiez ?

Pour être précis, la technique que j’avais mise au point pour photographier les amphibiens n’est pas exactement la même que celle qui est utilisée dans le projet MYN. Bien que l’approche de base soit la même, c’est à dire photographier les animaux sur le terrain et non en studio pour maximiser l’impact, ma technique photographique était un petit peu différente.

Pour mon premier projet, je n’ai pas utilisé d’arrière-plan rétro-éclairé. J’ai utilisé un studio de terrain que j’avais fabriqué moi-même, avec un fond blanc non pas rétro-éclairé mais illuminé par le réfléchissement de deux flash. Je ne cherchais pas spécialement à éliminer toutes les ombres. Au contraire, je voulais utiliser les techniques classiques du portrait en studio. J’ai même utilisé des gradients de noir ou de gris en arrière-plan.

Q Quand on regarde vos photos, on s’aperçoit que bien vous utilisiez des surfaces entièrement blanches, vous intégrez parfois les ombres des animaux sur le fond, pour obtenir un effet différent. Est-ce que le projet MYN a eu un impact important sur votre travail photographique ou bien continuez-vous à explorer d’autres moyens de mettre en scène vos photos ?

Pour le projet MYN, je continue à utiliser la technique mise au point par Niall. Par contre, je peux très bien envisager d’utiliser ou de tester d’autres techniques, en fonction des besoins de tel ou tel reportage. Il ne s’agit pas de se limiter à une seule technique mais de réussir à mettre en œuvre les idées qui vont aboutir à une belle photo. La technique a son importance mais, dans la plupart des cas, elle ne doit pas prendre le dessus sur le reste.

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Papillon argus

Q Dans votre portfolio, vous avez une série de photos intitulée « design by nature ». S’agit-il d’un projet personnel et comment avez-vous commencé à aborder cette approche de l’observation de la nature ?

La nature est ma principale source d’inspiration et si on regarde autour de soi, on a vite fait de se rendre compte que la nature est une immense artiste. Il suffit d’apprendre à ouvrir les yeux !

Je suis toujours à la recherche de ce genre de composition, même si je travaille sur une série qui se base sur une approche spécifique. Pour les images de la série « design by nature », je recours surtout à des compositions abstraites. Peut-être est-ce cette dimension un peu artistique qui me permet de contrebalancer mon autre dimension, bien plus scientifique ?

Q Quel matériel utilisez-vous ?

Je suis fidèle à Canon depuis que j’ai acheté mon premier reflex autofocus … c’est à dire depuis très longtemps ! J’utilise donc des optiques Canon et quelques objectifs Sigma pour réaliser mes photos.

Pour ce qui est des boîtiers, j’utilise un EOS 5D et un 7D avec des objectifs de 17 à 300 mm. J’aime beaucoup utiliser le macro Sigma EX 150 mm qui donne un bokeh absolument renversant. Pour les très forts grossissements, le Canon MPE-65mm n’a pas d’équivalent.

S’agissant de l’éclairage, dans le cas où je n’utilise pas la lumière naturelle (qui est celle que je préfère), j’utilise trois flash Canon 580 EX II avec tout une gamme d’accessoires pour façonner la lumière : diffuseurs, réflecteurs, cônes et boîtes à lumière. Ces flashs me permettent de travailler avec précision et subtilité, qu’il s’agisse simplement de déboucher les ombres ou bien de mettre en place des dispositifs plus sophistiqués. Je les utilise régulièrement avec un système de déclenchement radio. Enfin, pour être complet, j’utilise aussi plusieurs trépieds (pour les appareils et les flashs), des télécommandes avec ou sans fil et quelques filtres pour les paysages (filtres gris dégradés, filtres polarisants et filtres de densité neutre).

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Combat de mâles bouquetins

Q Consacrez-vous beaucoup de temps au traitement de vos photos sur Photoshop ou essayez-vous de faire le plus gros du travail sur le terrain ?

J’ai toujours la même approche : je préfère passer plus de temps sur le terrain, à travailler sur mes reportages, que derrière mon ordinateur à traiter des fichiers. Mais, au delà de mes préférences personnelles, la qualité d’une photo est bien meilleure si l’on prend le temps de faire la meilleure prise de vue possible sur le terrain.

S’il est vrai que les technologies actuelles permettent de corriger de nombreuses erreurs, comme la sous-exposition d’une photo, des sujets flous ou mal cadrés ne donneront jamais de bons résultats si le problème n’est pas résolu sur place, au moment de la prise de vue. Je suis fidèle à cette approche aussi bien pour les photos que je fais pour le projet MYN que pour mes autres projets.

Pour les photos du projet MYN, les fonds blancs sont obtenus en photographiant contre un fond blanc rétro-éclairé. Il y a un peu de post-traitement à faire, mais si on s’y prend bien au moment de la prise de vue, on s’évite des manipulations fastidieuses sur Photoshop.

Bien sûr, comme la grande majorité des professionnels de la photographie de nature, je travaille en mode RAW. Cela implique un travail important pour le post-traitement de mes fichiers d’images. Par définition, le fichier RAW étant l’image brute, il faut absolument réajuster le contraste, la saturation ou la vibrance, ainsi que la netteté, sinon on se retrouve avec une photo à l’aspect décoloré.

Q Quels conseils donneriez-vous à ceux qui aimeraient suivre la même voie que vous ?

Mon premier conseil, et peut-être le plus important, est de connaître parfaitement son sujet. Bien sûr, il est impossible de tout savoir, mais il faut faire des recherches pour trouver tous les renseignements disponibles sur un sujet : mode de vie, habitudes, utilisation de l’environnement. Tout ce savoir est tout à fait essentiel pour perturber le moins possible le sujet et son milieu.

Selon moi, un photographe ne peut pas faire une bonne photo animalière sans avoir une solide éthique personnelle. Sans éthique, la photo obtenue perdra toute crédibilité et sera en porte-à-faux avec l’essence même de ce genre photographique.

Mon deuxième conseil est simple : gardez intacte votre capacité d’émerveillement. Je pense en effet que la curiosité et l’émerveillement sont d’excellents moteurs de la créativité.

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Guêpier d’Europe

Q Quels sont vos projets futurs dans le domaine de la photographie ?

Je travaille actuellement sur certains articles qui ne sont pas encore suffisamment avancés pour que je puisse vous en parler ici.

Parallèlement à ces travaux, j’ai commencé à animer des ateliers photo l’année dernière www.atelier-grains-de-lumiere.com avec deux autres photographes. Nous proposons des stages et des formations dans différents domaines : les procédés photographiques anciens (portrait au collodion humide avec chambres noires photographiques), photographie animalière, macrophotographie et paysage.

La formation photographique a toujours été quelque chose d’important pour moi. J’ai enseigné dans une école de photographie pendant deux ans et j’éprouve toujours un grand plaisir à partager ma passion et mes connaissances. Je trouve que l’enseignement est le meilleur moyen de sensibiliser le public au monde naturel.