Photographier les oiseaux près des rivières est un exercice très simple, bien plus simple qu’il n’y parait. Si vous suivez les quelques conseils de cet article, je vous assure que vous obtiendrez assez vite d’excellents résultats.
ÉTAPE 1 – Trouver la rivière et le bon spot
Le début ! Toujours commencer par le début !
Alors le début justement dans cet exercice de photographier les oiseaux à la rivière, quel est-il ? Et bien, c’est de trouver la rivière de vos futurs exploits.
Deux cas de figure se présentent :
1°) soit vous connaissez bien votre coin et savez déjà où se situent des spots photos potentiellement intéressants. C’était mon cas.
2°) soit vous ne savez pas vraiment où une rivière passe près de chez vous, auquel cas un peu de recherche s’impose.
Mais dans les deux cas, la recherche doit être menée avec un point très important en tête : la présence d’une ou de plusieurs petites plages de sable. Vous verrez, c’est primordial.
Pour le premier cas de figure, il n’y a pas grand chose à dire ! Si vous avez pas mal crapahuté dans vos environs, vous savez forcément qu’à tel et tel endroit figure un cours d’eau.
Pour moi, c’est super simple, j’ai la chance de voir depuis ma terrasse le Serein. Je vois donc quotidiennement les évolutions de son niveau d’eau.
Pour les mois de juillet et aout 2015, c’est un tout petit filet d’eau qui parcourt le lit de la rivière. J’ai facilement repéré les endroits dégagés avec, comme je vous l’ai dit un peu plus haut, des bords de rivière tout en sable bien sec.
Pour ceux qui maintenant ne savent pas du tout vers où aller pour trouver ce type de spot, nous allons utiliser un outil formidable : Geoportail, le portail géographique des territoires et des citoyens (c’est eux qui le disent, pas moi !)
Pour vous montrer exactement comment faire, je me mets en situation réelle d’un photographe habitant une région qu’il ne connait pas du tout. Je choisis au hasard la commune de Saint-Aubin-de-Luigné, dans le département de Maine-et-Loire. Jamais entendu parler, et vous ? 🙂
Allez, suivez ces quelques étapes :
1) Rendez-vous sur la page d’accueil de Geoportail
2) Entrez dans le champ de recherche le nom de votre ville ou village
3) Cliquez vers la droite sur l’onglet « + de données »
4) À gauche, repérez puis cliquez sur « Territoires et Transports » , puis sur « Eau »
5) Et là, c’est tout simplement magique, hop !! S’affiche en bleu bien fluo qui se voit de loin, tous les cours d’eau ! Une fonction qui va grandement vous faciliter la tâche !
Recherchez, en zoomant plus ou moins et en naviguant sur la carte, une petite rivière qui ne soit pas à proximité immédiate des habitations.
Et bien c’est bon, vous avez fait le plus dur ! Vous savez désormais comment faire pour trouver un spot photo à fort potentiel pour photographier les oiseaux des rivières. Et en plus c’était facile ! 🙂
ÉTAPE 2 – Observer la faune
On entre à présent dans du classique. Je veux dire par là que peu importe ce que vous photographiez, peu importe votre projet, il vous faut impérativement faire cette étape : observer la faune du spot en question.
Dans un premier temps, il s’agira de confirmer que le spot trouvé sur Geoportail correspond bien à ce que vous espériez. Normalement oui n’est-ce-pas ! :-).
Au passage, pensez à imprimer la carte avec le polygone pour faciliter l’accès à la rivière.
J’ai toujours dit que cette phase était un moment très sympa. Le but étant de vous mettre à une distance respectable de la plage convoitée :
1°) pas trop près pour ne pas déranger les oiseaux en particulier, et la faune en général. Si vous l’êtes (trop près) et bien les animaux seront, au mieux présents mais avec un comportement dévié par vous, au pire absent.
2°) pas trop loin pour pouvoir observer dans de bonnes conditions. L’idéal étant à une cinquantaine de mètres avec une bonne paire de jumelles.
En faisant ça, vous verrez de manière authentique la vraie vie des oiseaux. Leurs habitudes, leurs comportements, leurs emplacements favoris. Il n’est pas nécessaire (et même pas conseillé) d’avoir son reflex avec soi.
C’est une phase que j’aime beaucoup ! On entre dans l’intimité des oiseaux, et ça, c’est le plus beau.
J’ai par exemple appris lors de cette phase d’observation des oiseaux près de chez moi (le vrai chez moi du Serein, pas le faux des cartes ci-dessus 🙂 ) que les bergeronnettes grises pouvaient régulièrement effectuer des vols à 30-40 cm du sol puis redescendre très vite au même endroit.
Un peu comme un ascenseur ! En faisant quelques recherches sur le site de référence oiseaux.net j’ai compris pourquoi : elles tentent tout simplement de choper des insectes en l’air, au-dessus d’elles.
Et voilà un comportement super intéressant à photographier !
En plus, vous serez capable de déterminer plusieurs zones possibles pour votre future installation (celle de la prochaine étape). L’orientation de la plage que j’ai choisie sur le Serein me permettait :
1°) soit d’être en contre jour au moment du coucher de soleil
2°) soit d’avoir ce même coucher de soleil dans le dos
J’insiste sur un détail important : puisque la faune observée sera en majorité des oiseaux, le sens du vent n’a pas grande importance. Placez-vous donc là où vous êtes le mieux pour observer aux jumelles.
Bon, vous avez j’espère bien saisi l’importance de cette phase. C’est grâce à elle que vous pourrez trouver un bon thème photo et surtout affiner votre projet photo.
ÉTAPE 3 – Photographier
Note : au moment de la rédaction de cet article, je ne suis pas chez moi. Je n’ai donc pas fait de photos illustrant mon installation. J’ai néanmoins essayé d’être le plus précis possible.
Voilà ! Vous l’avez bien mérité ! Vous pouvez maintenant vous rendre au bord de la rivière dans le seul et unique but de photographier les oiseaux. Mais pas n’importe lesquels : ceux que vous avez au préalable observés en phase 2. J’insiste ! 😉
Alors comment faire pour obtenir ce type d’image :
Ou ça :
Ou encore ça :
Question à 1000 $ : quel est le point commun à chacune de ces trois photos ?
Et bien elles ont toutes été prises à hauteur d’oiseau, c’est à dire au ras du sol. Le secret est là ! Car si vous restez à hauteur d’homme, ça donne ceci, et c’est moins bien :
Je vous rassure à nouveau, il n’est pas nécessaire de vous mettre dans l’eau jusqu’au cou. Nous n’avons pas tous des Waders (bottes cuissardes pour aller dans les eaux profondes) et encore moins des affûts flottants, qui, de tout manière, seraient complexe à utiliser en rivière.
Restons donc au bord de l’eau ! C’est pour ça que très vite dans cet article j’ai insisté sur la présence de plage. Car c’est précisément ce détail qui va faire la différence.
Au tout début de l’article je vous ai dit : photographier les oiseaux près des rivières c’est simple. Je ne vous ai pas menti ! Il suffit de se coucher au sol et d’attendre. Bon, ok, certains points devront être respectés, mais sur le principe, c’est ça.
Point 1 : l’arrivée sur les lieux.
C’est quasiment indispensable de se poser sur le lieu de prise de vue avant l’arrivée ou le départ de l’activité des animaux. C’est vrai pour les mammifères et les rapaces.
Mais dans le cas des espèces que j’ai pu photographier : bergeronnettes grises, bergeronnettes des ruisseaux et martin pêcheur, il ne me semble pas que ce point soit déterminant. Pour faire simple, venez quand vous voulez et ça devrait fonctionner.
Je veux dire par là que même si vous vous installer alors que les oiseaux sont dans les parages, voire votre arrivée les à fait fuir, ils reviendront quand même. Bien sur, l’activité de l’avifaune sera plus intense en début de journée et fin de journée surtout l’été.
Point 2 : le matériel
Voici le matériel que j’ai utilisé pour mes prises de vue en bord de rivière :
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- une cagoule de camouflage légère
- des gants de camouflage
- un pantalon et une veste Stealth Gear ©
- une toile de camouflage
- un trépied puis un bean bag (un sac de coton rempli de riz)
- et évidemment mon reflex Pentax K3 et mon 300 mm f/4 Pentax
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Point 3 : l’installation
– j’ai installé le trépied le plus près possible du sol. Mais je ne l’ai utilisé que pour la première séance. Pour les suivantes, je l’ai échangé contre un bean bag. Ce dernier est bien plus pratique qu’un trépied quand il s’agit de photographier allongé au sol des oiseaux à quelques mètres de distance.
Avec le trépied, je manquais de liberté de mouvement et l’intégration dans l’environnement était très perfectible. Alors qu’avec un bean bag, tout était bien plus simple avec malgré tout une stabilité très satisfaisante.
– j’ai recouvert l’ensemble Appareil + Objectif + Reflex avec la toile de camouflage et je fignolais avec un peu de sable sur les bords de la toile pour la maintenir en place et pour parfaire le camouflage.
– j’ai fait un trou dans la toile de camouflage pour laisser passer l’objectif
– j’ai mis mes gants, ma cagoule, je me suis allongé et j’ai attendu !!
Point 4 : l’attente
– c’est très aléatoire. Il m’est arrivé d’attendre 10 minutes avant l’arrivée des premiers piafs et d’autres fois près d’une heure avant de voir quelque chose.
– épargnez-vous les cervicales pendant l’attente. Posez franchement la tête sur le sol (allez-y ! Vous avez une cagoule, vous ne risquez rien !) pour soulager vos muscles.
– profitez pour vérifier vos réglages avant que tout le monde soit là ! 🙂
- ouverture maximale du diaphragme
- vitesse d’au moins 1/500
- choix de la sensibilité pour être à au moins 1/500 ou plus.
- mode prise de vue en rafale
- mode mise au point automatique et en continu
Point 5 : les réglages
– je viens à l’instant d’en parler. Sachez que vous allez avoir à faire à des oiseaux vifs, qui remuent beaucoup, qui ne restent pas en place et qui, surtout, peuvent donner lieu à des comportements très intéressants.
– à cause de tout ça, sauf effet artistique voulu, vous devez caler votre reflex sur une vitesse d’obturation élevée. Ainsi vous allez figer le mouvement des oiseaux. Sans une vitesse d’au moins 1/500, vous risquez fort d’avoir beaucoup de déchets (entendez par là des oiseaux pas suffisamment nets).
– il y a même des fois où vous devrez monter fort dans les ISO pour atteindre du 1/1000 pour figer les gouttes d’eau pendant le toilettage de la bergeronnette ! Comme ici :
J’ai utilisé une focale de 300 mm. Avec le capteur APS-C du Pentax, ça fait 450 mm. Je suis plutôt content du résultat, car l’animal est photographié dans son environnement et j’aime bien l’ambiance qui s’en dégage.
Par contre, c’est clairement trop juste pour avoir l’oiseau plus gros dans l’image. Alors si vous tendez vers ce type de photos, c’est à dire de plans assez serrés, alors, un 400 mm sera mieux, ou un 500 m évidemment.
POUR ALLER PLUS LOIN
Jusqu’à jeudi soir, vous pouvez vous inscrire à mon programme de formation complet « Comment bien Photographier les Oiseaux« .